Le 7 décembre dernier, le groupe américain Environmental Working Group (EWG) a annoncé les résultats d’une étude fascinante à propos du contenu en sucre des céréales qu’on donne aux enfants pour déjeuner.(1) Ils ont analysé 84 marques populaires de céréales. Tenez-vous bien, les pires céréales contiennent plus de 50% de leur poids total en sucre!(2) Le communiqué de presse s’intitulait « Kid’s cereals pack more sugar than Twinkies and Cookies » (Les céréales des enfants contiennent plus de sucre que des Twinkies et des biscuits – les Twinkies sont des petites pâtisseries roulées farcies à la crème qui sont devenue une icône culturelle aux États-Unis suite à l’émission Saturday Night Live où elles faisaient partie d’une multitudes de gags à tout propos depuis les années ‘70).
Une portion moyenne de céréales pèse entre 30 et 50g. Avant de partir pour l’école, plusieurs enfants consomment donc entre 15 et 25g de sucre (3 à 5 c. à thé)! Comme le déjeuner moyen ne contient que très peu des fibres qui pourraient ralentir l’absorption de ces sucres et très peu des protéines qui pourraient soutenir l’énergie de l’enfant, vous avez là un cocktail explosif! Les enfants ainsi alimentés feront probablement une hyperglycémie peu de temps après le déjeuner et une hypoglycémie réactionnelle plus tard en matinée. Pauvre professeur! Nos enfants sont mal nourris, ont faim peu de temps après le déjeuner et ont de plus en plus tendance à l’embonpoint… Ça ressemble à quelque chose que vous connaissez, non? Les épidémies d’obésité et de troubles d’apprentissage et du comportement trouvent certainement une partie de leurs origines dans ces déjeuners. Et on n’a pas encore parlé des additifs alimentaires, agents de conservations, colorants, etc.
À quoi ressemble un déjeuner santé?
Sans entrer dans les diverses écoles nutritionnelles et les divers interdits, tous seront d’accord pour dire que limiter l’apport en sucre raffiné est une bonne chose. Donc, out les céréales industrielles sucrées. Pour remplacer: un bon bol de gruau maison (riche en fibres), des fruits, des sources de protéines (beurres de noix, yogourt, œuf, etc.), des céréales faibles en sucre, du pain de grains entiers, etc.
Que disent les études?
Deux recherches très inspirantes nous orientent vers des choix alimentaires pour le déjeuner. Dans la première, on apprend que le simple fait de manger un déjeuner riche en protéines diminue les fringales chez des adolescentes de 15 ans qui sautent habituellement ce repas important. Dans l’étude, les chercheurs ont comparé l’effet d’un déjeuner standard (18g de protéines) à celui d’un déjeuner riche en protéines (50g) sur la réponse neurologique à la vue de « friandises réconfortantes » plus tard dans l’avant midi. Ils ont constaté que, chez les adolescentes qui avaient consommé le déjeuner standard, les réponses neurologiques à ces friandises étaient celles de l’anticipation et de la récompense. Chez celles qui avaient mangé plus de protéines, la réponse était atténuée de beaucoup. Bref, les déjeuners soutenants diminuent l’intérêt pour les fringales.(3)
La seconde étude montre le lien entre l’index glycémique du déjeuner et la consommation des aliments à l’heure du midi. Un déjeuner à faible index glycémique (donc pauvre en sucres simples et féculents et riche en fibres et protéines), par rapport à un déjeuner dans lequel l’index glycémique est élevé, est associé à une consommation alimentaire moindre au diner. Les chercheurs ont donné, à 37 enfants de 9 à 12 ans, 3 types de déjeuner. Un premier à faible index glycémique (IG < 55), un second à IG élevé (>100) et un troisième à faible IG auquel on a ajouté 10g de sucre tout en conservant un IG similaire au premier (< 55) . Les déjeuners étaient comparables en terme de calories, soit 200 à 500 kcal. Tous les enfants ont consommé, en séquence, les 3 déjeuners. Ils ont donc servi de contrôle pour eux même, ce qui élimine le biais de la différence de calories ou d’appétit.
Ensuite, les chercheurs ont simplement mesuré les quantités mangées lors d’un diner sous forme de buffet. Aucune restriction, simplement une observation des comportements alimentaires des enfants. Toutes choses étant égales, les enfants qui ont mangé le déjeuner à IG élevé ont consommé, le midi, 145 +/- 54 kcal de plus que lors qu’ils mangeaient le déjeuner à faible IG , et 119 +/- 53 kcal de plus qu’avec le déjeuner à faible IG + sucre. Par rapport au déjeuner à faible IG, celui à faible IG + sucre a entraîné la consommation de 27 +/- 54 kcal de plus.(4)
Bref, à calories égales, plus le déjeuner est faible en sucres et féculents, plus les portions du midi sont petites, et ce, sans effort apparent puisque l’étude n’a offert aucun contrôle ni restriction aux enfants pour le diner.
C’est un pensez-y bien, même pour ceux qui ont passé cet âge!
Bon Appétit!
* Le Jos Louis est une pâtisserie québécoise classique de la compagnie Vachon. Elle est faite de deux rondelles de gâteau au chocolat séparée d’une couche de crème à la vanille, le tout enrobé de chocolat. Elle contient beaucoup de sucre, mais moins de 50% de son poids (30g / 68g)! (5,6)
Références:
1. Kids’ Cereals Pack More Sugar Than Twinkies and Cookies. Dec 7, 2011 sur Environmental Working Group (EWG). www.ewg.org
2. Sugar in Children’s cereals
3. Leidy HJ, Lepping RJ, Savage CR, Harris CT. Neural responses to visual food stimuli after a normal vs. higher protein breakfast in breakfast-skipping teens: a pilot fMRI study. Obesity (Silver Spring). 2011 Oct;19(10):2019-25. doi: 10.1038/oby.2011.108. PubMed PMID: 21546927.
4. Warren JM, Henry CJ, Simonite V. Low glycemic index breakfasts and reduced food intake in preadolescent children. Pediatrics. 2003 Nov;112(5):e414. PubMed PMID: 14595085.
5. La vraie histoire des Jos Louis. Publié le 28 juillet 2011 par Andrée Lebel www.cyberpresse.ca
6. http://www.livestrong.com/thedailyplate/nutrition-calories/food/vachon/jos-louis/
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