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Qu’est qu’un parabène?

Les parabènes sont des agents de conservation qui empêchent la prolifération des microorganismes (bactéries et moisissures). Ce sont des dérivés de l’acide parabenzoïque. Leur nom chimique est parahydroxybenzoate d’alkyle ou encore acide parabenzoïque-R (R signifie ‘radical’ et ce radical est variable: éthyl, propyl, butyl, etc.). On les utilise dans les produits liquides et/ou semi-solides qui sont conservés à température de la pièce pour améliorer leur stabilité et réduire le risque de contamination. On estime qu’environ 80% des cosmétiques en contiennent. Plusieurs produits alimentaires et/ou suppléments liquides ainsi que certains médicaments en renferment aussi.

La molécule de base des parabènes, l’acide parahydroxybenzoïque, se retrouve à l’état naturel dans plusieurs aliments, notamment l’orge, la fraise, le cassis, certains raisins, la vanille et l’oignon.(1-3) La toxicité de cette molécule n’est cependant pas du tout la même que celle de ses dérivés.

Des doutes sur la sécurité

On suspecte les parabènes d’être des perturbateurs endocriniens. Ils ont des effets oestrogéniques légers et anti-androgènes chez l’animal (pas encore vérifiés chez l’humain).(4) Des chercheurs les soupçonnent aussi d’être cancérigènes et mutagènes. Ces effets hormonaux seraient impliqués dans diverses pathologies comme des cancers et des troubles de fertilité, notamment chez les hommes.(4,5) (Voir aussi Des perturbateurs hormonaux liés (officiellement) à l’infertilité masculine et Les perturbateurs hormonaux: une menace réelle!)

Par contre, les doses utilisées sont faibles et, selon plusieurs chercheurs, ces substances ont une très basse toxicité. Peut-être, mais…

Contrairement à ce que l’on croyait, les parabènes ne sont pas entièrement métabolisés et éliminés, mais peuvent s’accumuler intacts, en particulier dans les cellules cancéreuses et, selon une recherche, au niveau des testicules. On sait que les parabènes se concentrent notamment dans les cellules de certains cancers de la peau et du sein. Des chercheurs ont d’ailleurs noté une hausse des cancers du sein situés dans le quadrant supérieur externe du sein, justement là où s’appliquent les antisudorifiques contenant des parabènes.(5)

Les parabènes, comme plusieurs autres perturbateurs hormonaux (le BPA et les phtalates, certains pesticides et même, potentiellement, les résidus des médicaments comme les anovulants), montrent la capacité d’agir en synergie avec les autres perturbateurs. Ainsi, une faible dose de l’un multiplie l’effet d’une faible dose de l’autre. La synergie des perturbateurs hormonaux pourrait d’ailleurs expliquer l’importante diminution des populations d’abeilles. On sait maintenant que l’utilisation conjointe d’insecticides (comme l’imidaclopride ou le fipronil) tue les abeilles, alors qu’un seul d’entre eux ne semble pas toxique.(6-8)

Pour en savoir plus sur la sécurité des parabènes, lisez l’article Si c’est sur le marché, c’est parce que c’est bon! dans lequel j’ai déjà abordé ce sujet.

Pourquoi la France les interdit-elle?

Le 3 mai 2011, l’Assemblée nationale de France a adopté un projet de loi qui interdit «la fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols».(9) Ces additifs sont entre autres présents dans 400 médicaments en France.(10)

Ce projet de loi fait suite aux travaux de l‘Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) débutés en 2004. L’AFSSAPS recommande le retrait de ces produits à cause de leur potentiel de toxicité non élucidé.

Quoi faire?

Pour éviter les parabènes et les autres perturbateurs hormonaux, il faut être très vigilant, et encore… La réglementation stipule que ces ingrédients doivent être inscrits sur les étiquettes, mais tous ne s’y plient malheureusement pas. Pour vous assurer d’acheter des cosmétiques qui en sont exempts, je vous réfère à l’article Des cosmétiques… à vous rendre malade!

Références:

1. Les parabènes, Fondation David Suzuki. http://www.davidsuzuki.org/fr/champs-dintervention/sante/les-parabenes-methylparabene-butylparabene-ou-propylparabene/

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Parabène

3. Dr. Duke’s Phytochemical and Ethnobotanical Databases. http://www.ars-grin.gov/cgi-bin/duke/chemical.pl?PHYDROXYBENZOICACID

4. Kortenkamp A, Faust M. Combined exposures to anti-androgenic chemicals: steps towards cumulative risk assessment. Int J Androl. 2010 Apr;33(2):463-74. PubMed PMID: 20487045.

5. Crinnion WJ. Toxic effects of the easily avoidable phthalates and parabens. Altern Med Rev. 2010 Sep;15(3):190-6. Review. PubMed PMID: 21155623. (texte complet accessible gratuitement)

6. http://www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i142darrouzet.pdf

7. http://www.beekeeping.com/articles/fr/tasei.htm

8. http://www.lefigaro.fr/sciences/2009/02/23/01008-20090223ARTFIG00315-abeilles-les-insecticides-pas-seuls-incrimines-.php

9. Marielle Court. L’Assemblée interdit les phtalates et le parabène. Le Figaro.fr 04/05/2011 http://www.lefigaro.fr/sante/2011/05/03/01004-20110503ARTFIG00709-les-phtalates-et-le-parabeneinterdits.php

10. Paul Benkimoun. Des parabènes présents dans 400 médicaments. Le Monde.fr | 23.05.11 http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/05/23/des-parabenes-presents-dans-400-medicaments_1525948_3224.html

15 commentaires

  1. Une fausse manoeuvre m’a fait envoyer le message incomplet.
    Voici la suite.
    …(des cancers du sein, si ma mémoire est bonne), ce qui, à ses yeux, et à mon avis avec raison, nécessitait le lancement d’une étude clinique approfondie.
    Huit mois plus tard, elle concluait à une absence de rapport, mais la rumeur était lancée.
    A partir de ce moment diverses études étaient lancées dans différents pays et aucune d’elles n’a abouti à faire classer ces produits parmi les cancérogènes avérés, à tout le moins aux dosages autorisés.
    Si vous possédez des références ou des liens d’études scientifiques aux résultats contraires, je suis évidemment intéressé au plus haut point.
    Les sceptiques invoquent évidemment le principe de précaution, ce qui est un argument passe-partout très commode pour s’appuyer sur des données non scientifiques et quand les preuves font défaut.
    Je ne suis pas un défenseur inconditionnel des parabens, mais toute la profession considère aujourd’hui encore que ce sont les conservateurs qui possèdent le plus large spectre d’activité tant bactéricide que bactériostatique ce qui permet d’en limiter les dosages et de conférer au produit ainsi protégé une excellente tolérance cutanée.
    Mais il est également vrai que quand on a connu les scandales du sang contaminé, de l’amiante et du Médiator, on est en droit de se méfier des conclusions des experts.
    Sauf que ce n’est pas ainsi qu’on administre une preuve, alors que c’est ce qui peut alimenter la rumeur.
    Mon but n’est évidemment que de rectifier des omissions et de rétablir les faits afin que chacun puisse se forger un avis éclairé.
    Quant au parlement français, il ne s’est toujours pas prononcé et, à ce que nous en savons, le sénat doit, quand il sera saisi du dossier, demander l’avis des experts, je suppose du Conseil National Supérieur d’Hygiène et/ou d’une institution équivalente.
    Alors nus en reparlerons peut-être dans quelques années.
    Quoi qu’il en soit, affirmer comme vous l’avez fait que la France interdit les parabens est sans doute accrocheur mais pour le moins inexact (ou prématuré?).

    1. Bonjour Degiovanni,
      Merci pour la clarification. Vous avez raison, je n’ai fait que relayer un titre accrocheur. Il est vrai, en France comme ici, qu’une proposition de projet de loi est encore très loin de l’application.
      Santé!

  2. Moi-même professionnel de la cosmétique depuis 45 ans, je puis vous affirmer qu’heureusement les règles de fabrication et surtout de composition des produits se sont nettement améliorées. Le facteur déclenchant, en France d’abord, puis en Europe, a été « l’affaire » du talc Morhange qui a provoqué le décès de plusieurs nourrissons dans les années 1970 à cause d’un surdosage accidentel de conservateur, et a amené à légiférer en la matière, ce qui était souhaité depuis longtemps par les professionnels sérieux.
    Je suis évidemment de très près les études de toxicité des composants et en particulier des conservateurs dont les parabens.
    Ce qui est frappant dès le premier abord est la grande inquiétude des utilisateurs de cosmétiques et le quasi désintérêt du public en ce qui concerne les produits médicamenteux dont, pourtant, une grande proportion est ingérée.
    L’évidence est que l’absorption par voie transcutanée n’a rien de commun avec l’ingestion.
    Mais le sujet n’est pas là.
    A ma connaissance, contrairement à ce que j’ai lu dans votre article, l’AFSSAPS n’a jamais émis d’ais condamnant les parabens, bien au contraire. Seule une étude complémentaire a été entreprise sur deux d’entre eux, dont les résultats n’ont pas abouti à leur interdiction ni même à une recommandation de limitation plus restrictive que la norme européenne en vigueur depuis plusieurs décennies.
    Je vous rappelle que la rumeur concernant le pouvoir cancérogène des parabens vient d’une corrélation qui avait été estimée possible par un médecin écossais (une femme) entre l’usage de déodorants corporels et les cancers de plusieurs femmes (des c,

  3. Monsieur Dionne bonjour,
    D’abord merci pour ce blog tellement en accord avec mes préoccupations et mon besoin de justesse (justice ?).
    Ma question n’a qu’un rapport éloigné avec votre présent article mais c’est néanmoins une occasion de la poser d’autant que vous êtes le seul, à mes yeux, à pouvoir y répondre.
    Vous avez écrit concernant l’aluminium que : «L’aluminium n’a aucune place dans la santé humaine»
    Les déos industriels peuvent en contenir et le doute demeure sur leur toxicité.
    Or les déos « BIO » à la pierre d’alun contiennent aussi de l’aluminium sous fome d’oxydes d’aluminium et sont réputés non toxiques.
    Sauriez-vous m’éclairer sur la nuance entre ces deux types de déos.
    Merci d’avance
    Cordialement
    Pierre

    1. Bonjour Pierre,
      Je persiste et signe, l’aluminium n’a pas sa place dans la santé humaine.
      Qu’il soit bio ne change rien. La fameuse pierre qui est une forme d’alun a bel et bien un effet astringent, donc antisudorifique. Par contre, même si l’absorption est minime et que la forme oxyde est moins dangereuse, il n’en reste pas moins que cette quantité s’additionne au reste de la charge toxique de notre monde contemporain. Je préfère m’abstenir. Il y a tellement d’autres substances toxiques qui me polluent l’intérieur (on parle d’une moyenne de 38 substances dans le sang des canadiens (Canada a toxic nation et Homotoxicus ) pour lesquelles je ne peux rien, alors j’élimine celles que je peux.
      Santé!

  4. J’aimerais bien fabriquer moi même ma crème solaire, mon maquillage et mon shampooing Marise, mais il me manque 2 éléments essentiels… le temps, comme vous le mentionnez, mais aussi la méthode! Alors si vous avez quelque référence sur le net ou ailleurs du «B-A-BA des cosmétiques» ou le «Comment fabriquer ses cosmétiques pour les nuls?»… je suis preneuse! En attendant, j’ai découvert les produits ZORAH à la fête Éco-bio de la TOHU en fin de semaine, je vais les essayer (ils ne sont pas moins cher que les Clarins ou Lise Watier…)

    1. Bonjour Gege, je fais moi-même mes produits corporels,(depuis 4 ans) et oui il faut du temps, et aussi des connaissances et de la pratique. pour des références (sur la rive-sud) tu peux faire une recherche sur « google.ca » en tapant:
      Cosmétiques COURS/ATELIERS
      tu y verras des références pour des cours.
      je n’ai pas suivi les miens là, mais je sais par bouche à oreille qu’ils sont à recommander.
      Bonne chance dans tes recherches et bien heureuse que tu sois conscientisé de tous ce qui composent les cosméto commerciales.

  5. Le problème avec Biron est que ça doit être un médecin qui fait la demande, tu paies de ta poche et le résultat est donné au médecin…qui fort probablement ne sait pas quoi faire avec..
    Nos voisin ont des labos sont plus libéraux : Doctor’s Data http://www.doctorsdata.com/home.asp European Lab of Nutrients, Great Plains Lab, Genova Diagnostic Lab, Metametrix Lab, etc. Vous pouvez les contacter et demander quelle analyse il faut faire pour l’information souhaitée. Normalement, pour connaître le statut nutritionnel, c’est une analyse urinaire des acides aminés qui est demandé (une homo cystéine haute est indicatif, par exemple, d’une déficience de méthyle cobalamine; déficience ou déséquilibre d’acide folique; une déficience de vitamine B6 –P5-P; une déficience d sérine, etc. ). Les résultats sont accompagnés d’une feuille explicative. Le prix est très élevé mais si vous trouvez une naturopathe qui vous l’offre à son prix, le montant à payer c’est moins onéreux et si cette personne se connaît en analyses et nutrition elle peut vous offrir de très bons conseils.

  6. Bonjour,

    La meilleure façon de savoir ce que contient nos produits cosmétiques c’est de les fabriquer soi-même (quand le temps le permet !). C’est hautement supérieur à ce qu’on retrouve dans les grandes surfaces (incluant les grandes marques dans les salons d’esthétiques) et on sait très exactement ce qu’il y a dans nos petits pots ! Et fabriquer soi-même ses produits corporels procure un sentiment d’autonomie incomparable et on a vraiment l’impression de faire un pied-de-nez à l’industrie qui nous offre des produits à gros prix souvent inefficaces et potentiellement dangereux de surcroit.

    L’industrie est arrivée à nous faire croire qu’il est normal qu’une crème nourrissante et hydratante soit fabriquée dans un laboratoire, mais quand on y pense … En fait, c’est comme pour la nourriture, c’est toujours et certainement mieux de cuisiner soi-même ces petits plats, non ?

  7. bonjour, je vous ai déjà écrit sur ce sujet.
    QUEL LABORATOIRE FAIT LES ANALYSES DE SANG<
    AU SUJET DES VITAMINES ET MINERAUX QUE NOUS POSSEDONS OU PAS…LES HOPITAUX NE SEMBLENT EN FAIRE QUE QUELQUES UNS…..MERCI

    1. Bonjour Lise,
      Ici, au Québec, essayez le laboratoire Biron. Sinon, contactez un naturopathe membre de l’ANAQ. Ces derniers utilisent nombre de tests. Ils sauront vous référer.
      Santé!

  8. A noter: il s’agit d’une *proposition* de loi, émanant du parlement, et non d’un projet de loi venant du gouvernement – une nuance qui en France n’est pas anodine.
    Et surtout, si le texte a recueilli les voix de la majorité des députés à l’Assemblée nationale, il manque encore un vote majoritaire au Sénat pour le texte soit adopté. Ce n’est pas gagné, donc, d’autant plus que le lobby chimique et pharmaceutique ne doit pas chômer entre temps…

    1. Merci Louise pour cette précision.
      Il est vrai qu’en France, rien n’est simple 🙂
      Et vous avez aussi raison. Les lobbys industriels pharmaceutiques, cosmétiques et autres sont puissants.
      Santé!

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