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Cliquez ici pour écouter la table ronde à laquelle j’ai participé sur ce sujet le 11 juin 2012 à L’après-midi porte conseil.

Une nouvelle publiée dans le magazine Le Point (1) mentionne les recherches d’un groupe de l’université d’Édimbourg.(2) Dans cette publication, les chercheurs ont identifié un gène spécifique (KATNAL1) qui est nécessaire à un processus de maturation des spermatozoïdes. Lorsque ce gène est absent ou bloqué, la maturation des spermatozoïdes n’a tout simplement pas lieu et entraîne donc l’infertilité. Dans leur conclusion, les chercheurs discutent du potentiel de cette découverte, tant dans le traitement de certaines infertilités que comme contraceptif masculin.

L’article du magazine Le Point va plus loin en parlant comme d’une réalité du développement de ce «Saint-Graal». D’ailleurs, d’autres chercheurs sont emballés par cette découverte qui fournirait, peut-être, la solution au problème de la contraception masculine qui, comme la fameuse coupe mythique, nous échappe. Paradoxalement, dans un contexte où la fertilité masculine décline dans tous les pays occidentaux, ce concept est toujours d’actualité.

La contraception masculine à nos portes?

Dites-vous qu’entre une découverte comme celle-ci et son application dans la vraie vie, il peut se passer plus de 10 ans. On peut même dire que, la plupart du temps, ces découvertes ne sortent pas du labo parce que le processus de développement est long et que, trop souvent, les molécules actives trouvées ont une toxicité inacceptable (la semaine prochaine, je toucherai ces points dans un article sur le développement des médicaments.) Par définition, la contraception doit être sécuritaire, efficace, réversible et abordable.(3)

La petite histoire de la contraception masculine

Il y a déjà eu plusieurs tentatives pour essayer d’offrir une alternative masculine à la contraception féminine.

Le caleçon chauffant (vous avez bien lu!) était basé sur le fait que les spermatozoïdes ont besoin de fraicheur pour leur maturation.(4) C’est d’ailleurs pourquoi les testicules de tous les mammifères sont à l’extérieur du corps (sauf chez les dauphins…), contrairement aux ovaires des femmes. Ce dernier principe vient de refaire surface dans une étude chez des rats où des ultrasons sont utilisés pour obtenir le même résultat.(5,6)

Le gossypol, une substance toxique extraite de l’huile de coton, a été utilisé en Chine. Il cause une diminution marquée du nombre de spermatozoïdes, mais a deux désavantages majeurs: sa toxicité inhérente (perte importante de potassium, entre autres) et la permanence de l’infertilité après un usage répété.(7)

Des chercheurs ont essayé de développer un «vaccin» antifertilité. Dans ce concept, on stimulerait le corps à fabriquer des anticorps contre les spermatozoïdes. Le hic est que, évidemment, la réversibilité serait problématique!(7,8)

Les résultats les plus prometteurs sont obtenus par une combinaison de testostérone et d’un progestatif. La testostérone, lorsque qu’elle est administrée, arrête le développement des spermatozoïdes.(3) Par contre, on ne connaît rien des effets à long terme, ni des dosages minimums efficaces.

Pour l’instant, mis à part le condom, rien n’est commercialement disponible.

L’homme est-il prêt à accepter la contraception?

Différents sondages un peu partout sur la planète semblent montrer qu’une majorité d’hommes serait prêt pour la contraception masculine.(9) Personnellement, je suis un peu sceptique face à cette donnée. Pourquoi la science (majoritairement menée par des hommes) n’a-t-elle pas été plus productive dans ce domaine au courant des 50 dernières années? Peut-être parce que ce n’est pas l’homme qui porte le bébé. La contraception masculine n’est donc pas associée à une liberté par rapport à la grossesse. Certaines femmes disent même qu’elles ne se fieraient pas à l’homme (du moins à certains hommes) pour prendre ledit contraceptif…

Bref, la révolution contraceptive n’est vraiment pas pour demain.

Références:

  1. Sur la piste de la pilule masculine, par Louise Cuneo, Le Point.fr, 25 mai 2012.
  2. Smith LB, Milne L, Nelson N, Eddie S, Brown P, Atanassova N, O’Bryan MK, O’Donnell L, Rhodes D, Wells S, Napper D, Nolan P, Lalanne Z, Cheeseman M, Peters J. KATNAL1 Regulation of Sertoli Cell Microtubule Dynamics Is Essential for Spermiogenesis and Male Fertility. PLoS Genet. 2012 May;8(5):e1002697. Epub 2012  May 24. PubMed PMID: 22654668; PubMed Central PMCID: PMC3359976.
  3. Cheng CY, Mruk DD. New frontiers in nonhormonal male contraception. Contraception. 2010 Nov;82(5):476-82. Epub 2010 May 6. Review. PubMed PMID: 20933122.
  4. Bujan L, Mieusset R. température et fertilité masculine. Contracept Fertil Sex.  1996 Jun;24(6):429-38. Review. French. PubMed PMID: 8766503.
  5. Les ultrasons, futur contraceptif masculin ? par Par Jérôme Hourdeaux sur http://tempsreel.nouvelobs.com/l  01-02-2012
  6. Tsuruta JK, Dayton PA, Gallippi CM, O’Rand MG, Streicker MA, Gessner RC, Gregory TS, Silva EJ, Hamil KG, Moser GJ, Sokal DC. Therapeutic ultrasound as a potential male contraceptive: power, frequency and temperature required to deplete rat testes of meiotic cells and epididymides of sperm determined using a  commercially available system. Reprod Biol Endocrinol. 2012 Jan 30;10(1):7. PubMed PMID: 22289508; PubMed Central PMCID: PMC3340307.
  7. Wu FC. Male contraception: current status and future prospects. Clin Endocrinol (Oxf). 1988 Oct;29(4):443-65. Review. PubMed PMID: 3075164.
  8. Herndon N. Looking for the « male pill ». Network. 1992 Aug;13(1):20-3. PubMed PMID: 12317724.
  9. Pourquoi la pilule pour homme n’existe pas  par Nicolas Journet sur http://www.scienceshumaines.com/no 104, 2000.

Photo : tb.

1 commentaire

  1. exactement, LA question est : l’homme est-il prêt à prendre une « pilule contraceptive » si elle venait à être effectivement commercialisée ? j’ai des doutes ^^ je pense qu’il faudrait plusieurs décennies pour faire accepter cette idée… et encore!
    mais je pense que c’est très bien comme ça, la femme est libre de choisir la contraception qui lui convient sans avoir à compter sur son homme pour ça 🙂

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