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Les chiffres sont effarants. Un total de 69% des adultes américains sont en surpoids ou carrément obèses (obésité: 36%).(1) Les États-Unis sont précurseurs dans ce domaine, mais tous les pays occidentaux suivent de près ces statistiques. Au Canada, 59% des adultes entrent dans cette catégorie (obésité: 24%).(2)

Près des ¾ des diabétiques type II sont aussi obèses ou ont un sérieux embonpoint.(3) De même, ⅓ des obèses sont diabétiques.(4)

Il est évident, pour tous les experts du domaine, que les hôpitaux ne peuvent pas répondre aux besoins croissants de cette population malade. De plus, les médicaments n’apportent pas de solution. Face aux complications et aux coûts importants de ces épidémies, il faut que notre société réagisse. Oui, mais comment?

Changer les habitudes de vie

Des recherches ont constaté que, chez des personnes obèses ou en surpoids, une perte de poids de 5 à 10%, obtenue lors de programmes de suivi et de modifications d’habitudes de vie, diminue le risque de développer le diabète de 58%.(1) Il est donc tout à fait logique de cibler d’abord les habitudes de vie, bien avant la médication ou les chirurgies invasives comme la chirurgie bariatrique.

Malheureusement, ces changements d’habitudes de vie sont difficiles à implanter, et surtout à maintenir.

Trouver la motivation

Deux recherches très récentes, publiées dans le journal Archive of Internal Medicine, apportent une piste de solution.

La première étude visait à évaluer l’impact de 3 interventions différentes sur la perte de poids. 241 personnes obèses ou en surpoids ont été divisées en 3 groupes: 79 ont eu un suivi de groupe avec un coach; 81 ont reçu un DVD pour aider à les motiver; 81 n’ont reçu que les instructions standards.(1) Le but était d’atteindre une perte de poids de 7% en 15 mois. Dans le groupe suivi par un coach, 37,0% (P=0,003) ont réussi; dans le groupe DVD, 35,9% (P=0,004); et dans le groupe standard, seulement 14,4%. Cette étude montre bien que la motivation, qui est augmenté par un suivi approprié, peut réduire l’incidence de diabète type 2 et d’obésité.

Une autre recherche va dans le même sens. Des personnes obèses ou avec un embonpoint ont été divisées en deux groupes. Les premiers ont reçu seulement les conseils et instructions d’usage pour la perte de poids. Les seconds ont en plus obtenu un assistant numérique personnel pour y consigner alimentation, activités physiques et progrès, ainsi qu’un suivi téléphonique ou par courriel avec un coach. Durant les 12 mois de l’étude, les participants du groupe ayant bénéficié du suivi ont perdu en moyenne 3,9kg de plus (3,1% de plus) que ceux du groupe standard.(6)

Dans le même journal, les Drs Rao et Kirley écrivent un éditorial dans lequel ils affirment que la façon d’endiguer l’épidémie de diabésité doit être accessible, peu coûteuse et, pourquoi pas, basée sur la technologie mobile.(7)

Les outils pour endiguer la marée d’obésité et de diabète existent, mais pour l’individu aux prises avec ces problèmes, ils ne sont pas tous accessibles (ou même connus). Les coachs, infirmiers/ères ou nutritionnistes ne sont pas à la portée de tous. De plus, les différents lobbys de la malbouffe, pour augmenter leurs profits, s’assurent que l’alimentation accessible aux moins bien nantis soit de mauvaise qualité, trop riche en sucre rajouté, en gras et en sel, et trop pauvre en tout ce qui devrait y être.

Si nos gouvernements voulaient bien mettre leurs culottes face aux industriels du sucre et de la malbouffe, ils pourraient lancer des programmes efficaces pour contrer la diabésité. Ces programmes, à moyen terme, réduiraient non seulement les statistiques de d’obésité et de diabète, mais aussi la facture globale en santé.

Quelques articles sur le diabète:

Prévention du diabète type II: nouveaux espoirs

Diète extrême et élimination du diabète

Des exercices pour contrôler le diabète type 2

Le sucre serait-il un « tueur en blanc »?

Diète et diabète

 

Références:

  1. Jun Ma, MD, PhD; Veronica Yank, MD; Lan Xiao, PhD; Philip W. Lavori, PhD; Sandra R. Wilson, PhD; Lisa G. Rosas, PhD; Randall S. Stafford, MD, PhD Translating the Diabetes Prevention Program Lifestyle Intervention for Weight Loss Into Primary Care: A Randomized Trial Arch Intern Med. Published online December 10, 2012. doi:10.1001/2013.jamainternmed.987 http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleID=1485081
  2. http://obesite.ulaval.ca/obesite/generalites/prevalence.php
  3. http://www.doctissimo.fr/html/nutrition/poids/articles/12187-poids-diabete-danger.htm
  4. http://www.obesite.com/sante/diabete/obesite.htm
  5. Whittemore R, Melkus G, Wagner J, Dziura J, Northrup V, Grey M. Translating the diabetes prevention program to primary care: a pilot study. Nurs Res. 2009 Jan-Feb;58(1):2-12. doi: 10.1097/NNR.0b013e31818fcef3. PubMed PMID: 19092550; PubMed Central PMCID: PMC2689783.
  6. Bonnie Spring, PhD; Jennifer M. Duncan, PsyD; E. Amy Janke, PhD; Andrea T. Kozak, PhD; H. Gene McFadden, BA; Andrew DeMott, BA; Alex Pictor, BA; Leonard H. Epstein, PhD; Juned Siddique, PhD; Christine A. Pellegrini, PhD; Joanna Buscemi, PhD; Donald Hedeker, PhD Integrating Technology Into Standard Weight Loss Treatment: A Randomized Controlled Trial Arch Intern Med. Published online December 10, 2012. doi:10.1001/jamainternmed.2013.1221 http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleID=1485082
  7. Goutham Rao, MD; Katherine Kirley, MD The Future of Obesity Treatment: Accessible, Inexpensive, and Technology Based?: Comment on “Integrating Technology Into Standard Weight Loss Treatment: A Randomized Controlled Trial” Arch Intern Med. Published online December 10, 2012. doi:10.1001/jamainternmed.2013.1232 http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleID=1485083

8 commentaires

  1. Merci de partager cette information essentielle et bien documentée comme toujours. Je vois dans ma pratique de plus en plus de personnes aux prises avec un embonpoint et un déséquilibre glycémique, sans compter l’impact que cela peut avoir sur l’inflammation générale et plusieurs maladies dégénératives.

    Il est certain que changer des habitudes de vie peut être difficile – expérience personnelle et professionnelle, mais ça reste peu coûteux (marcher ou manger plus de légumes et grains entiers) et permet aux gens de retrouver leur autonomie par rapport à leur santé.

  2. Déjà si les gens passaient un peu moins de temps devant la TV il y aurait beaucoup de progrès. Il y a quelques mois, le patron de la première chaine française a fait scandale quand il a affirmé à ses annonceurs qu’il leur vendait du temps de cerveau disponible. Que croyez-vous qu’il font de ce temps de cerveau que les téléspectateur leur mettent à disposition? Ils les remplissent de « désirs qui nous affligent » comme dit Souchon. Chips, boissons sucrées, gâteaux soi-disant santé,… De plus, je ne regarde pas la TV de la semaine et je ne peux consacrer que 4 heures par semaine à faire du sport. J’aimerai en faire plus parce que j’aime vraiment ça mais je n’ai pas le temps. Si je regardais en plus la TV la seule autre chose que je pourrais diminuer serait mon sommeil ce qui aurait de facheuses conséquences sur ma santé et en particulier, de plus en plus d’études le prouvent, sur mon poids.
    En conséquence, pour perdre du poids, sortez la TV de votre foyer.

  3. Wow m. Claude. Vous dites tout haut ce que bien des gens pensent tout bas en ravalant leur salive. On parle de corruption et de collusion, mais la malbouffe est le résultat de l’écoeurantite générale et pas la peine de sortir les casseroles, on aura tôt fait de sortir des lois. Le gros hic dans tout cela, c’est qu’il faut commencer par changer notre propres croyances et mentalités chacun de nous individuellement, c’est par l’Exemple que petit à petit on arrivera à quelque chose. Même si on décrit à haute voix l’asservissement que les grands bonzes de la finances nous imposent, c’est à nous individuellement de ne pas jouer leurs jeux, mais tant que les gens continuent à se faire laver le cerveau par eux pour les enrichir davantage, on demeure impuissant. Si chacun par exemple arrêtait de consommer de la viande, les industries seraient obligées de changer des choses. Le jour où on va cesser d’attendre que les dirigeants et les autres fassent quelque chose, c’est là qu’on va réaliser que chacun de nous a un grand pouvoir, mais qui le croit vraiment ???

    Que tout vous soit propice: à JY et à tous ceux qui lisent ces instructives chroniques

  4. À mon sens, plusieurs importants problèmes sociaux sont liés, entre eux.

    On parle de surpoids et d’obésité mais il faudrait aussi associer les divorces et séparations qui fragilisent les ménages, de part et d’autre, ce qui signifie que le temps de loisir diminue et que le temps passé à travailler doit nécessairement augmenter pour compenser la perte d’un des deux « chefs de famille ».

    Et c’est sans compter tous ceux qui doivent ajouter un 2e et un 3e emploi parce que le 1er ne suffit plus pour payer les comptes et avec des enfants, des comptes, il y en a, beaucoup. Et souvent.

    Alors on voit facilement comment des parents surmenés peuvent tomber dans leur divan, le soir, épuisés, avec un sac de chips à la main pour tenter de décompresser de leur journée de fou, au travail. Oubliez l’idée de rencontrer quelqu’un afin de tromper l’ennui… quand? Comment? Qui accepterait d’entrer dans la vie d’un parent monoparental qui est déjà épuisé?

    Et la roue tourne…

    Nouvelles hausses de taxes, diminution des salaires, hausse du coût de la vie et les problèmes financiers des familles les plus fragiles vont en empirant, à la même vitesse que leur tour de taille parce que le sac de chips sera TOUJOURS plus attrayant que la préparation d’un repas-santé… surtout pour des gens épuisés qui, psychologiquement, se sentent sévèrement limités à cause de problèmes financiers dont ils ne voient plus la fin.

    On pourrait jouer le jeu des fonctionnaires en couple à 85,000$ par année qui viennent de recevoir un gros héritage de la famille et qui « ne comprennent pas » les gens en surpoids et les obèses. Et j’en connais personnellement qui pensent comme ça! Ils vivent tellement dans un nuage de fric illimité et facile qu’ils sont incapables de concevoir qu’il y a des gens qui « disent » ne pas pouvoir fréquenter un gym, comme eux!

    Et comble de frustration, ce sont ces yuppies qui mènent la société! Autrement dit, pendant qu’ils ont tout le temps du monde pour planifier leur vie et gagner, la majorité des Québécois demeurent silencieux et passifs pendant que les loups leurs mangent la laine sur le dos.

    Le surpoids et l’obésité sont des signes clairs que notre société ne fonctionne plus.

    Il y a une poignée de gens qui deviennent fabuleusement riches aux dépens d’une majorité malmenée, épuisée et très, très mal représentée.

    La société elle-même devrait subir une spectaculaire cure d’amaigrissement, à commencer par les conditions aberrantes qui ont été accordées aux quelques 500,000 syndiqués de l’État québécois qui auraient avantage à diminuer un peu leurs salaires et conditions pour diminuer le poids financier qu’ils imposent à tous les contribuables.

    Il faut rappeler que les fonctionnaires NE CRÉENT PAS DE RICHESSE. Ils ne font que vampiriser la richesse des autres. À force de TUER l’innovation québécoise en la taxant à l’infini, on aboutit dans un cul-de-sac financier où rien ne peut arriver sans l’aide de l’État! Une ironie sans fin!

    Enfin bref, le surpoids est à la mode dans plusieurs sphères de nos vies et il faut travailler vers un nouvel équilibre avant de devoir en arriver à des coupes sombres.

  5. Merci Jean-Yves, un article très intéressant et j’y crois, il reste qu’après avoir été soutenu et motivé, il faut conserver les bonnes habitudes.

    Il y a tellement de DVD sur le marché qu’on s’y perd mais je crois que c’est une bonne idée, je connais une personne qui est une adepte de cela.

    À toi et à ta belle famille un très Joyeux Noël, bonne bouffe, rires et beaucoup d’amour!

    Santé !

    C.L.

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