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En 2011, je vous avertissais à ce sujet: le néfaste food n’est pas seulement mauvais pour la santé, mais il vous entraine dans une spirale de dépendance (voir Dépendance alimentaire?). Plus vous en mangez, plus vous voulez en manger. Éventuellement, sortir de ce cercle vicieux demande non seulement une volonté exceptionnelle, mais une persévérance qui dépassent les capacités de plusieurs. Les formulations de ces aliments sont-elles addictives à dessein? On pourrait le croire…

Effet de l’index glycémique

Une toute récente étude provenant de Harvard confirme cette dépendance. 12 hommes volontaires, obèses ou ayant un embonpoint certain et âgés entre 18 et 35 ans ont consommé, à 2 moments distincts, 2 laits frappés (milk shake) identiques (contenu nutritionnel et calorique [500kcal], saveur, texture) sauf en ce qui concerne leur index glycémique. L’un des breuvages avait un index glycémique (IG) bas, qui se chiffrait à 37% (c’est-à-dire 37% de celui du glucose), et l’autre un IG élevé, à 84%. Les chercheurs ont compilés, avant et après ingestion:

  • La glycémie et l’insulinémie des participants;
  • Le flot sanguin au cerveau;
  • L’activité cérébrale de la région du cerveau associée à la récompense et l’addiction, le noyau accumbens (en anglais nucleus accumbens [la fiche anglaise de Wikipédia est plus complète])
  • Un questionnaire sur leur état, entre autres la sensation de faim.

Résultats

Deux heures après ingestion, le glucose sanguin (glycémie) était 2,4 fois plus haut avec le lait frappé à IG élevé qu’avec celui à IG bas. Le taux sanguin d’insuline était aussi beaucoup plus haut avec le breuvage à IG élevé.

Côté dépendance, le noyau accumbens s’est carrément allumé après la consommation du lait frappé à IG élevé alors qu’il n’a pas changé après l’autre breuvage. Donc, l’IG élevé a provoqué plus de plaisir et de dépendance. Cette différence n’est pas imputable à la saveur ni à la texture, puisque les deux étaient identiques.

La sensation de faim, 4 heures après la consommation, a aussi été disproportionnée. L’IG élevé a entrainé une sensation de faim beaucoup plus grande que l’IG bas.

Bref, calorie pour calorie, cette étude montre que la composition des aliments affecte notre réaction émotive, notre métabolisme (glycémie et insuline) et notre sensation de faim. Ainsi, les aliments de type néfaste food, qui dominent dans nos épiceries et dans l’alimentation occidentale, entrainent un changement métabolique menant vers le surpoids et l’obésité, et affectent notre comportement en induisant le besoin d’en consommer toujours plus par la stimulation des zones associées à la dépendance et aux rages alimentaires (cravings). On comprend mieux pourquoi certaines personnes se retrouvent la tête dans le frigo sans trop savoir pourquoi elles sont arrivées là…

Santé!

 

Pour en savoir plus, lisez aussi:

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Sucre ou alcool, choisir son poison…

La vraie cause de l’épidémie d’obésité

22 cuillérées à thé de sucre.

 

Référence:

  1. Lennerz BS, Alsop DC, Holsen LM, Stern E, Rojas R, Ebbeling CB, Goldstein JM,  Ludwig DS. Effects of dietary glycemic index on brain regions related to reward and craving in men. Am J Clin Nutr. 2013 Jun 26. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 23803881.

 

Photo : NickSS from London

13 commentaires

  1. Je prend 2caps extrastrenth 3fois par jour pour triglycérides élevés.Est-ce trop.Je vois une nutritionniste qui me dit que ce serait la tolérance digestive qui serait la limite.

    1. Bonjour B
      Votre nutritionniste a raison. La dose d’oméga 3 pour les triglycérides est entre 2000 et 4000 mg. Vous prenez 600mg par capsule 6 fois par jour. Donc 3600 mg. Pas de problème.
      Par contre, si vous avez des désagréments comme des nausées ou des selles molles et huileuses, diminuez à 4 par jour.
      Santé

  2. Bonjour M. Dionne,

    bravo pour votre travail. J’aimerais savoir ce que vous pensez du sirop d’érable, j’ai lu à un endroit que l’IG était très élevé et donc à éviter, puis à un autre endroit que l’IG était moyen et acceptable. Qui dit vrai?Utilisé modérément, il me semble plus « naturel » que le sucre blanc et autres édulcorants.

    merci beaucoup.

    1. Bonjour L.
      Le sirop d’érable est un sucre. Par contre, il est brut, non raffiné ce qui le rend meilleur que les produits raffinés, toute catégorie. Il contient quelques substances intéressantes : des minéraux/oligo-éléments, des flavonoïdes antioxydants et surtout l’acide abscissique qui facilite le métabolisme du sucre par le corps.
      Donc, finalement, c’est un sucre concentré. À ce titre, la parcimonie est de rigueur mais il est plus intéressant que les autres.
      Santé!

  3. Bonjour

    Est ce que M Montignac avait raison ?
    Sa diete composée d’aliments avec un indice glycémique bas était la base de son alimentation.
    Qu’en pensez- vous ?

    1. Bonjour Claire
      Oui. Il a été le premier en français à sonner l’alarme à ce sujet. Tout n’est pas à prendre à la lettre mais l’essence est très bonne.
      Santé!

    1. Bonjour Suzanne
      Que voulez-vous dire ?
      les boissons diètes sont des « poisons » qui truquent l’organisme à croire qu’il y a du sucre dans l’aliment. Ce serait une des raisons pourquoi les boissons diètes et les aliments diètes ne fonctionnent pas pour perdre du poids.
      Santé!

  4. Bonjour Jean-Yves,

    Très intéressant. Peut-on connaître les ingrédients qui ont fait la différence sur l’index glycémique (fruits, stevia., … ) ?

    Merci

    1. Bonjour Line
      Voici les ingrédients mais je ne suis pas en mesure de bien reproduire le tableau. Il faut user d’imagination pour mettre les colonnes à leurs places 🙂
      TABLE 1
      Test-meal composition1
      High GI Low GI
      Ingredients2
      Cornstarch (g) — 57.2
      Light corn syrup (g) 79.0 —
      Vanilla extract (g) 7.3 7.3
      Milk, 1% fat (g) — 260.0
      Lactaid milk, 1% fat (g) 254.8 —
      Egg white, dried (g) 13.0 11.4
      Equal3 (Merisant Co) (g) 2.1 3.1
      Olive oil (g) 11.1 10.9
      Nutrient composition
      Energy (kcal) 500 500
      Carbohydrate (g) 68.9 68.7
      Fat (g) 13.7 13.5
      Protein (g) 18.1 17.9
      Calculated GI4 84 37
      1 GI, glycemic index.
      2 Ingredient amounts were scaled so that the meal energy content corresponded
      to 25% of estimated daily energy requirements. Each participant’s
      high- and low-GI test meals had the same caloric content.
      3 Equal is an artificial sweetener containing aspartame, acesulfame
      potassium, dextrose, and maltodextrin.
      4 The GI of each meal was calculated by using glucose as a reference
      standard.

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