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Les médias et les départements de santé publique nous assaillent de toute part avec la question du jour : Serons-nous prêt à réagir quand l’épidémie frappera ?

C’est une question insécurisante, inquiétante et qui fait de la très bonne « nouvelle ».

Pour « survivre » à la propagation de cette annonce, il faut d’abord ne pas succomber au vent de panique qui s’ensuit. La véritable question, celle qui nous redonne individuellement le contrôle, est plutôt : Qu’est-ce que je peux faire pour m’assurer (dans le domaine du possible) que je ne contracterai pas cette grippe porcine (ou n’importe quelle de ces « maladies futures ») ?

L’état de santé général comme facteur de risque

Nous savons tous instinctivement que, lorsque nous sommes fatigués, nous attrapons plus facilement le rhume ou la grippe. Ce constat va encore plus loin…

Statut nutritionnel : les carences alimentaires diminuent notre capacité à nous défendre et augmentent la capacité des virus à devenir plus virulents.(1)

Les plus grandes épidémies de l’histoire, celles qui furent les plus meurtrières, sont toutes survenues dans des périodes de disettes importantes. Pensez à l’épidémie de grippe espagnole de 1918-1919 qui a fait plus de 20 millions de morts (jusqu’à 40M selon certaines sources). Cette épidémie de grippe est survenue à la fin de la 1ère grande guerre, à un moment où des populations entières étaient dénutries et affamées.

Les diètes trop sévères (pour maigrir à tout prix!) mettent aussi le corps dans un état de déficit calorique qui le prédispose à la maladie. La carence en protéines et, surtout, la carence en acides gras essentiels (les fameux omégas 3) sont très néfastes pour le système immunitaire.(2)

Pensez à inclure dans votre alimentation les antioxydants qu’on retrouve principalement dans les fruits et légumes colorés ainsi que dans les épices et fines herbes et le fameux thé vert. Ils sont trop souvent absents de la diète.

Les minéraux et oligo-éléments, chacun à leur façon, sont primordiaux pour le système immunitaire et la santé. Le fer (attention, en ce qui concerne le fer, le surplus est aussi néfaste que la carence pour l’immunité), le sélénium, le zinc, le calcium, le magnésium, le cuivre, le manganèse, etc. ont tous un rôle à jouer dans le maintien d’un système immunitaire fort et capable de résister, encore et toujours à l’envahisseur ! Donc, en plus d’une diète colorée et « la meilleure possible », pourquoi ne pas y ajouter une multivitamine ?(3-4)

Histoire vraie : la maladie de Keshan

Pour démontrer l’importance des micronutriments dans la prévention des infections, voici une petite histoire qui vous aidera à comprendre pourquoi, dans le cas de la grippe porcine (ou grippe A, ou encore H1N1), on ne trouve des décès qu’au Mexique.

Cette histoire confirme le rôle de l’état nutritionnel de l’hôte, mais pas seulement dans la sensibilité au virus (le fait d’attraper ou non le virus) : des chercheurs ont montré qu’il peut également influencer le développement de virus plus virulents!(5)

En 1935, dans le comté de Keshan (province de Heilongjiang en Chine), il y a eu une épidémie d’une maladie nouvelle, souvent mortelle, qui laissait des lésions importantes au cœur. Cette maladie cardiaque affectait principalement les enfants et les femmes en âge de procréer. Elle fut appelée du nom de la province surtout parce qu’elle était pour ainsi dire inexistante en dehors de cet endroit. Plusieurs théories ont été émises pour l’expliquer, mais ce n’est qu’en 1979 qu’un lien avec la carence en sélénium (Se) a été découvert.(6) Les sols de cette région étaient dépourvus de sélénium! Une supplémentation généralisée a mis fin à l’épidémie de problèmes cardiaques.

Pourtant, la carence en sélénium ne donne pas, normalement, ce genre de maladie cardiaque…

Plus tard, des chercheurs ont trouvé que cette épidémie était causé par un virus de la famille des coxackies qui est habituellement relativement bénin. Par contre, chez les personnes carencées en sélénium, il se transforme! Il subit une mutation en une forme beaucoup plus virulente. Récemment, des chercheurs se sont penchés sur ce phénomène de mutation du virus en fonction du statut nutritionnel de l’individu pour comprendre s’il est reproductible et s’il peut expliquer, en partie, l’apparition de variantes plus virulentes d’autres virus normalement bénins.

En laboratoire, plusieurs équipes ont mis cette théorie à l’épreuve sur des souris. On a inoculé le virus coxackie bénin à des souris normales et à d’autres carencées en sélénium. Les résultats sont éloquents : chez les souris carencées, le virus coxackie mute en sa version plus virulente, mais pas chez les souris normales.

Et les autres virus?

Ce phénomène de mutation se vérifie avec d’autres types de virus : des essais ont été faits sur des souches de virus différentes comme des influenzas, le virus de la polio, le HIV, etc. Pour chacun de ces virus, on peut observer l’apparition de mutations plus virulentes dans des hôtes dénutris.

Et les autres nutriments?

D’autres nutriments (vitamine E (7) et vitamine C (8)) ont aussi été testés et leur carence a entraîné les mêmes effets. À l’opposé, certains « surplus » peuvent également augmenter la virulence : l’excès de fer(5) et…. la fumée de diesel !(9)

Conclusion

L’état nutritionnel peut non seulement accroître la susceptibilité à la maladie, mais il peut aussi être un facteur de virulence en favorisant des mutations. Il est donc doublement important de bien manger… et de faire attention à la pollution. Le statut nutritionnel et la pollution sont 2 facteurs dont on ne parle pas dans les médias, mais qui peuvent très bien expliquer pourquoi les « épidémies » commencent presque toujours dans des zones urbaines densément peuplées où la pauvreté entraîne une mauvaise alimentation.

Rappelez-vous : Si votre système immunitaire dispose des nutriments dont il a besoin pour fonctionner, vos chances d’attraper le virus en sont grandement diminuées! Et même si vous attrapiez la forme plus virulente du virus, votre système sera alors plus apte à le combattre. Vos symptômes de « grippe porcine » ne se traduiront probablement que par… une « grippe d’homme ».

Références :

1. Beck MA, Handy J, Levander OA. Host nutritional status: the neglected virulence factor. TRENDS in Microbiol 2004;12(9):417-24

2. Shephard RJ, Shek PN. Immunological hazards from nutritional imbalance in athletes. Exerc Immunol Rev. 1998;4:22-48.

3. Fairfield KM, Fletcher RH. Vitamins for chronic disease prevention in adults: scientific review. JAMA. 2002 Jun 19;287(23):3116-26.

4. Eat, Drink, and Be Healthy, The Harvard Medical School Guide to Healthy Eating. Walter C. Willett, M.D., & Patrick J. Skerrett.

5. Beck MA, Shi Q, Morris VC, Levander OA. Benign coxsackievirus damages heart muscle in iron-loaded vitamin E-deficient mice. Free Radic Biol Med. 2005 Jan 1;38(1):112-6.

6. Levander OA, Beck MA. Interacting nutritional and infectious etiologies of Keshan disease. Insights from coxsackie virus B-induced myocarditis in mice deficient in selenium or vitamin E. Biol Trace Elem Res. 1997 Jan;56(1):5-21.

7. Beck MA. Selenium and vitamin E status: impact on viral pathogenicity. J Nutr. 2007 May;137(5):1338-40.

8. Li W, Maeda N, Beck MA. Vitamin C deficiency increases the lung pathology of influenza virus-infected gulo-/- mice. J Nutr. 2006 Oct;136(10):2611-6.

9. Jaspers I, Ciencewicki JM, Zhang W, et al. Diesel exhaust enhances influenza virus infections in respiratory epithelial cells. Toxicol Sci. 2005 Jun;85(2):990-1002. Epub 2005 Mar 16.


8 commentaires

  1. Bonjour M. JY1D1,
    Ça vous va numéro 1 !
    On a observé que le virus JY1D1 s’accompagnait parfois de symptômes de Tirolinite d’origine clownienne, mais ça ne dure pas, ce n’est pas dangereux même que chez la majorité des gens ça aide à diminuer leur sérieusité de la vie !
    Bonne contagion M. JY1 !

    Tiroline

  2. Bonjour M. Jean-Yves,
    Je crois bien que j’ai attrappé un virus d’homme, le JY1D1. Il fait plus de la prévention que de la mutation
    et je crois qu’on risque de l’avoir si on se passionne pour ce qui touche la santé. Malheureusement on ne parle pas encore de ce virus JY1D1 à la télévision !
    On peut le contacter sur internet, mais ce n’est pas un virus déformatique.Il n’est pas virulent mais du genre virurapide !
    Comme vous êtes très informagène, vous savez sûrement
    d’où il vient.
    Très intéressant vos articles de lecture. Merci,
    Clown Tiroline

    1. Bonjour Tiroline
      J’espère que ce ne fut pas trop douloureux 🙂
      J’aime beaucoup ce nouvel acronyme. J’espère que la contagion sera épidémique !
      Si tu le permets, je vais utiliser ce nouveau surnom.
      JY1D1

  3. Je voudrais comprendre… On dit que le H1N1 est un « nouveau » virus contre lequel on n’a pas d’anticorps. Mais il doit y avoir des dizaines d’autres virus, qu’on n’a jamais contractés, contre lesquels on n’a pas non plus d’anticorps. Quand un « nouveau » virus nous atteint, est-ce que l’organisme crée alors les anticorps nécessaires? Ainsi, est-ce qu’une personne ne bonne santé devrait naturellement produire les anticorps puis combattre le virus, et le vaincre, sans même s’en rendre compte? Ce « nouveau » virus est-il si différent des autres virus de la grippe saisonnière?

    1. Bonjour Léon
      Très bonne question. Il existe au-delà de 200 souches de virus (et plus si on inclus les rhinovirus responsables des « rhumes »), Le corps a « souvenir » de ces virus et adapte sa défense pour les nouveaux venus.
      La virulence d’un virus dépend de plusieurs facteurs : sa capacité à déjouer les défenses premières de l’organisme (comme les mucus et l’intégrité de la muqueuse… ce qui n’a rien à voir avec les anticorps); sa capacité à se répandre d’un organisme à l’autre (contagion, la grippe est plus contagieuse que le HIV parce qu’elle s’attrape par des gouttelettes aériennes et par les mains); sa capacité à se répliquer ce qui demande de pénétrer les cellules de l’hôte et de mobiliser son système pour multiplier les virus; etc.
      Tous ces aspects du virus changent dans le temps.
      Et tu as raison, non, ce « nouveau virus » n’est pas différent des virus de la grippe saisonnière.
      Gardez le lit et buvez beaucoup de liquide. Tous les « antiviraux de prescription » n’y changerons rien.

      Il faut distinguer plusieurs aspects :
      L’aspect médiatique : Ça fait de la bonne nouvelle, en particulier quand c’est assez « mort » question actualité; et l’aspect santé publique.
      Que les organismes de santé publique se préparent à une éventualité, si loin soit-elle, c’est une bonne chose.
      Par contre, colporter de la peur comme le font les médias, alors ça frise le ridicule.
      On parle plus de cette grippe ou encore de la grippe aviaire (dois-je vous rappeler qu’elle n’existe pas) ou encore du virus du Nil ou de n’importe quoi de mineur parce que ça fait des bonnes cotes d’écoute.
      Pourtant, on ne parle pas des « vrais affaires » comme les milliers voire les millions de morts évitables dus à la maladie cardiaque.
      Bref, gardons la tête froide et … lavons-nous les mains 🙂
      JYD

  4. Bonjour Jean-Yves,
    Ton article est très bien présenté et vrai. Nous avons à suivre tes conseils éclairés et notre santé sera meilleure.

    1. Merci Solange
      Je suis heureux de savoir que « Les pieds dans l’eau » sont toujours là. À tous ceux qui ne connaissent pas cet endroit merveilleux, allez sur le lien. Vous trouverez là, un petit coin de paradis au bord du fleuve St-Laurent à l’Islet sur mer
      Bonne visite
      Jean-Yves

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