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Une nouvelle de Reuters (1) nous informe que «les antioxydants peuvent augmenter le risque de diabète». Rien de moins! Cette prétendue nouvelle provient d’une étude sur des souris parue dans le magazine Cell Metabolism.(2) Nous voyons ici à l’œuvre deux forces incontournables de la mauvaise presse d’aujourd’hui:

1. La journaliste qui signe la dépêche ne comprend pas ce dont elle parle. Cette réalité n’est que trop fréquente. Les journalistes scientifiques compétents sont une race en voie d’extinction. On ne devrait pas accepter qu’une personne sans compétence dans le domaine puisse signer un texte sur la santé ou n’importe quelle autre science.

2. L’étude, telle qu’elle est effectuée (nous verrons les détails plus bas), ne peut absolument pas arriver à de telles conclusions. En effet, cette étude ne mesure pas l’apport d’antioxydants, elle étudie des souris génétiquement modifiées (Knock out) pour ne pas fabriquer une enzyme clé du système de défense antioxydant. Donc, le texte de l’étude publiée, son résumé, etc. ne sont pas conformes à l’étude elle-même. Ils ont plutôt été rédigés avec un agenda (passez-moi l’anglicisme) en tête. Malheureusement, il arrive trop souvent que les textes des études qui reçoivent l’attention des médias soient rédigés non pas par des chercheurs, mais bien par des spécialistes de la communication.

Les vraies conclusions

Pour bien comprendre mon propos, il faut retourner à l’étude elle-même et non aux propos du chercheur tels que recueillis par la journaliste. Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé des souris knock out, ce qui signifie qu’on a modifié cette lignée génétique pour qu’elle ne puisse plus exprimer un gène en particulier: ces souris OGM n’ont plus la capacité de fabriquer l’enzyme glutathion peroxydase 1. Comme il s’agit d’une mutation génétique, le produit est très spécifique: ce ne sont pas toutes les glutathions peroxydases qui sont supprimées, mais seulement la ‘1’.

On a soumis ces souris soit à une diète normale, soit à une diète riche en gras pour une durée de 12 semaines et on les a comparées à des souris normales ayant eu des diètes identiques. Les souris normales ayant reçu la diète riche en gras ont développé une résistance à l’insuline alors que les souris OGM ont gardé une sensibilité à l’insuline normale.

Il est vrai que la résistance à l’insuline est la première étape vers un diabète type 2. Par contre, cette étude ne montre en aucun cas un rôle délétère des antioxydants! Tout ce que cette étude montre est que l’enzyme glutathion peroxydase 1 joue un rôle non complètement élucidé dans la cascade qui maintient ou non la résistance à l’insuline. De plus, comme le dit le titre de l’étude (Reactive oxygen species enhance insulin sensitivity), certains types de radicaux libres ont un rôle à jouer dans la sensibilité à l’insuline.

Les résultats de cette étude ne peuvent absolument pas être extrapolés aux autres enzymes endogènes de protection contre les radicaux libres (catalase, superoxyde dismutase, etc.), et encore moins aux antioxydants oraux comme les flavonoïdes. Encore une fois, quelqu’un, quelque part dans la chaîne de l’édition, a un agenda caché contre les antioxydants (et par extension, les produits naturels).

Personnellement, j’y vois une source de confusion de plus pour le consommateur. C’est subtil, ce n’est qu’une petite étude chez la souris, mais c’est un grain de sel de plus pour que vous et moi perdions confiance dans nos propres capacités à prendre notre santé en main. Et comme ce processus d’édition se reproduit sans cesse sur toute sorte de sujets apparentés, on finit aussi par perdre confiance et dans la science, et dans notre capacité à la comprendre.

Mauvaise communication à propos d’une recherche + mauvais journalisme + répétition = perte de confiance et confusion (voir Que faut-il faire pour être en santé?).

Parmi les outils à inclure dans notre diète, les antioxydants alimentaires demeurent des plus pertinents. En consommer une grande variété augmente notre protection contre les maladies chroniques. De plus, fait particulièrement intéressant, les sources d’antioxydants correspondent aux aliments dont la consommation est associée à un taux plus faible de diabète type 2: les légumes (surtout les feuillages) et les fruits colorés!

JYD

Références

1. Steenhuysen J. Antioxidants may raise diabetes risk: study. Reuters Tue Oct 6, 4:18 pm ET. Parue sur Yahoo News

2. Loh K, Deng H, Fukushima A, Cai X, Boivin B, Galic S, Bruce C, Shields BJ, Skiba B, Ooms LM, Stepto N, Wu B, Mitchell CA, Tonks NK, Watt MJ, Febbraio MA, Crack PJ, Andrikopoulos S, Tiganis T. Reactive oxygen species enhance insulin sensitivity. Cell Metab. 2009 Oct;10(4):260-72.

1 commentaire

  1. Merci beaucoup d’avoir remis les pendules à l’heure!

    Il y a une guerre contre la santé des gens, en général. La médecine naturelle fonctionne et les élites médico-pharmaceutiques n’en peuvent plus de devoir se mesurer à une compétition aussi forte alors ils utilisent la subversion, sur plusieurs fronts à la fois, pour discréditer ce qui fonctionne vraiment afin de vendre leurs poisons.

    En passant, je pèse le mot « poison » dans mon affirmation.

    Quiconque passe plusieurs mois à étudier la médecine naturelle pour ensuite l’appliquer (généralement avec succès) à sa propre vie comprend que le duopole médico-pharmaceutique carbure principalement à l’argent et non pas à la compassion ou le réel désir de guérir.

    Au mieux, une majorité de médecins privilégient des « traitements » qui leurs permettent de passer à la caisse de manière répétitive, pendant de longues périodes avec, en boni, des « kickbacks » divers provenant de leurs complices dans les compagnies pharmaceutiques.

    Les antioxydants fonctionnent.

    Ne laissez personne vous convaincre du contraire, surtout dans notre monde hautement toxique (OGM, GMS, irradiation, pasteurisation, herbicides, pesticides, fertilisants chimiques, pollution atmosphérique, pollution urbaine, tours de réseaux cellulaires, téléphones mobiles, Wi-Fi et j’en passe).

    Plus que jamais, il faut reprendre le contrôle de notre santé et reprenant le contrôle de notre société afin de stopper l’actuelle marche vers le proverbial précipice.

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