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Au mois de septembre dernier, je participais à un congrès pharmaceutique en Floride dans un grand hôtel. Le midi, à quelques reprises, notre groupe, dont je suis le seul Québécois, s’est retrouvé au restaurant de l’hôtel. À Rome, on fait comme les Romains. Donc, j’écoute et regarde comment les autres du groupe (et, en catimini, le reste du resto) commandent leur repas. Je constate, à ma grande surprise, que les professionnels que j’accompagne, et le reste du restaurant, commandent un cola comme boisson. Oui, la très grande majorité des personnes ont bu un cola au repas. Durant tout le repas, la serveuse s’est promenée avec 2 pichets : cola régulier et cola diète. Elle a rempli chaque verre consciencieusement plusieurs fois durant le repas.

Comme les Américains sont passablement puritains, je me voyais mal commander un verre de vin ou une bière, ce que je ferais sans hésiter au Québec ou en France puisque ce serait accepté, et presque la norme. Aucun de mes collègues américains, ni aucun autre client du resto n’a pris de boisson alcoolisée. J’ai donc opté pour un… verre d’eau. 😉

J’étais pourtant dans un groupe de professionnels de la santé, des gens qui devraient être conscientisés sur les effets néfastes de ces boissons. Ce comportement nous fait comprendre pourquoi le tour de taille est en croissance exponentielle aux États-Unis. Il est tellement facile de consommer ces boissons ad libitum, et tellement difficile de déroger à cette norme sociale. On comprend aussi la force du marketing des fabricants de boissons gazeuses. Ils ne se sont pas seulement appliqués à augmenter la consommation, ils ont réussi à en faire la norme sociale. Ils ont vraiment réussi à créer le besoin.

Réplique

Dans ce contexte, on constate aussi pourquoi il est si difficile pour les autorités de santé publique d’endiguer cette consommation. Les capacités de communication et les moyens financiers de ces compagnies sont sans aucune commune mesure avec les capacités de nos gouvernements qui, on le sait, sont tellement pauvres et sont en austérité budgétaire… Le diabète et les maladies liées au surpoids, au syndrome métabolique et à l’obésité sont directement causés par l’alimentation, principalement par les boissons sucrées qui sont, il faut le rappeler, la principale source de sucre chez le Nord-Américain. Ce Nord-Américain consomme en moyenne 25% de son apport calorique total en sucre rajouté…

Il y a bien eu quelques efforts pour endiguer ce fléau. New York a fait interdire les formats géants. Tout récemment, la ville de Berkeley en Californie a tenu un référendum pour obtenir l’aval de la population à propos d’une taxe sur les boissons sucrées et a obtenu 75% des voix citoyennes en faveur de cette taxe. (voir le communiqué de presse sur le site de la coalition Poids http://www.cqpp.qc.ca/fr/salle-de-presse/communiques-et-publications/242/quebec-doit-le-faire-aussi )

Oui, je sais, les opposants diront « encore une taxe ». Mais, comme nous sommes dans une bataille épique de David contre Goliath, il faut trouver les moyens de faire deux choses :

1-    Diminuer l’emprise de ces compagnies en rendant leurs produits moins accessibles. Il faut donc en faire un produit de luxe.

2-    Renflouer les coffres de nos États aux finances anémiques, qui doivent défrayer les couts de santé liés à ces produits.

Une taxe sur les boissons sucrées ne serait-elle pas une façon d’atteindre ces deux objectifs?

Je vous encourage à consulter le site de la coalition québécoise sur la problématique du poids (mieux connue sous le nom de coalition poids) au http://www.cqpp.qc.ca/.

Il s’agit d’une coalition très large de personnes et d’organisations qui ont à cœur la santé et sont sensibilisées à la problématique réelle de l’obésité chez les jeunes.

Santé!

19 commentaires

  1. Ahhh… c’est normal… Lorsqu’il sont en troupeau, ils veulent paraitre cool, comme le  »mainstream »… Ça serait mal vu d’aller à contre-courant…
    Je suis certain que rendu à la maison, ils enfilent avec leur petite famille un  »smoothie vert!!!

  2. Je me souviens d’un repas dans le Maine il y a plusieurs années et ma surprise de voir les gens autour de moi, des Américains, boire du cola! Ça ne date pas d’hier !

  3. Bonjour,

    D’abord merci pour vos articles !
    Vous mentionnez la question du choix des boissons. Cela me fait penser à une autre situation: un congrès médical pendant lequel les médecins consommaient leur repas tout en suivant les conférences: au taquet !

    Cordialement

    Jean Yves LT
    Rennes

    1. Bonjour à un autre Jean-Yves (Nous sommes une race rare… 🙂 )
      C’est fréquent. Comme les professionnels de la santé qui sautent des repas ou ont tout autre comportement non santé. Il faut éviter de faire l’Équation : Médecine = santé. Il faut plutôt voir : Médecine = traitement des maladies. Ce n’est pas la même chose.
      Santé!

  4. Bonjour,
    lorsque j’étais jeune fille, j’ai travaillé sur un
    chantier de construction au Mont Wright. Les repas étaient
    fournis en cafétéria. J’avais pris la mauvaise habitude
    de boire un  » Canada Dry » après chaque repas du midi et…
    j’ai pris plusieurs livres. J’ai alors cessé cette pratique et suis revenue à mon poids d’avant.
    Je ne bois que très rarement ce genre de breuvage et n’en souffre vraiment pas ni mon tour de taille d’ailleurs!
    J’ai 62 ans, suis en pleine forme et porte du…9 ans.
    À la prochaine.

  5. Malheureusement, cela devient pareil en France. Je suis médecin et j’ai été stupéfaite de déjeuner avec des collègues et TOUT le monde a pris un Coca (light pour la plupart). Nous étions une dizaine et c’était pour accompagner une pizza. J’ai été la seule à boire de l’eau… mais sans me priver, car je n’aime pas le vin 😉
    Je suis atterrée de cette évolution à vrai dire. Non seulement pour la santé, mais aussi parce que je trouve que ces boissons sont infectes. C’est une question de culture du goût qui se perd sans doute…

    1. Merci de ce témoignage Jeanne. D’autant plus que vous êtes une professionnelle de la santé.
      Cette culture du gout est une espèce en voie de disparition. Le néfaste food a réussi à infantiliser nos gouts. C’est là qu’ils ont gagné la bataille.
      Et pourtant, la France n’est-elle pas un des derniers bastions de cette culture alimentaire ? Louis de Funes aura perdu la bataille contre Tricatel 🙂
      Santé!

  6. Bonjour JYD,

    Moi qui suit Français ne peut être que révolté par cela mais effectivement n’est ce pas un problème culturel.
    Il y a quelques temps nous avons invité en France un développeur américain pour une conférence sur un logiciel professionnel. Au moment du repas, nous l’avons amené dans un prestigieux restaurant 2 étoiles au guide Michelin (je pense que ça vous parle). Et bien nous avons été fortement étonné de constater qu’alors que nous avions bien entendu commander un verre de Pouilly fumé avec l’entrée et un verre de Bourgogne avec la viande, cet américain à demandé du Coca cola. Vous imaginez la stupeur de la serveuse qui présentait de la façon la plus poétique possible les divers mets succulents et ingrédients frais cueillis du matin qui constituaient le prestigieux repas que nous allions déguster. Bien entendu tout le monde fut stupéfait. Le clou du spectacle arriva au moment du splendide plateau de fromage qui l’a immédiatement refusé de gouter. Cet américain nous a convié que dans son pays, si on mange un des fromages qui étaient exposés sur le plateau on souffre immédiatement d’une Gastro-entérite aiguë. Effectivement, du coup, cela sous entend que nous n’avons pas non plus la même flore intestinale.
    Salutations

  7. eh bien, j’apprends ce que des professionnels américains boivent aux repas, je savais pour les gens en général, bon… tu t’es privé d’un bon verre de vin, là, je ne comprends pas tellement…. occasion ratée de faire de l’éducation :-)….

    articles intéressants à lire.

    merci et bonne fin de semaine et bonnes formations à venir, données et reçues…

  8. Tout à fait d’accord avec vos commentaires. J’étais à la pharmacie ce matin pour recevoir le vaccin contre la grippe et l’allée adjacente à laquelle j’attendais était remplie de …. 7-UP, Coke, Orangeade et autres boissons sucrées du genre.
    Les pharmacies ne devraient pas être dépositaires de ce genre de produits nocifs pour la santé.
    A quand le vin rouge en format individuel dans les pharmacies?

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