• Recherche

Des experts associent souvent la dépendance alimentaire avec un trouble de comportement. En effet, la compulsion alimentaire est un trouble qui peut se traiter avec une thérapie comportementale. Ce trouble affecte certaines personnes, mais cela n’explique pas pourquoi plusieurs d’entre nous ont de la difficulté à résister à certains aliments…

Mon péché mignon…

Et quand je dis plusieurs d’entre nous, je m’inclus tout à fait dans le nous. Oui, nous sommes nombreux à avoir de la difficulté à résister à certaines textures, certains goûts, certains aliments. Dans mon cas personnel, les aliments salés, les infâmes chips, sont mon péché mignon. Je trouve difficile de ne pas en manger… et de ne pas finir le sac. [Ajout 2023 : Bon, depuis que j’ai réduit les glucides dans mon alimentation, il m’est plus facile de résister.] J’ai aussi trouvé des mécanismes de contrôle, comme choisir d’en consommer à certains moments et de m’en servir seulement un petit bol au lieu de garder le sac à proximité. Je consomme aussi des noix salées en remplacement. Mais j’ai toujours un penchant pour cet aliment néfaste. Suis-je anormal? Et bien non! On commence à constater que, au-delà du trouble de comportement, il existe véritablement un phénomène d’addiction, ou de satisfaction neurologique (qui ressemble au phénomène de dépendance), lié à l’aliment. J’ai déjà écrit quelques textes sur le sujet: Dépendance alimentaire?, 12 hommes en colère… contre la dépendance alimentaire.

Étude sur le phénomène de dépendance alimentaire

Une équipe de chercheur a développé un questionnaire pour évaluer, dans une population donnée, l’importance du phénomène de dépendance: l’échelle de dépendance alimentaire Yale (Yale Food Addiction Scale – YFAS). Cet outil cherche à identifier les aliments agréables et savoureux (depuis les frites jusqu’au chocolat) susceptibles de causer le comportement de d’addiction en se basant sur les critères diagnostiques des dépendances aux substances (drogues). Des résultats élevés à ce questionnaire sont souvent associés à une plus grande impulsivité, à des épisodes d’hyperphagie (compulsion alimentaire, boulimie, Binge-eating), de dépression, de rages alimentaires, à une moins bonne réponse aux traitements de perte de poids, et même à un gain de poids plus grand après la chirurgie bariatrique (chirurgie de réduction de l’estomac pratiquée chez des obèses).

Ces chercheurs ont fait passé le test à près de 8000 femmes âgées de 45 ans et plus pour constater que, dans le groupe des 45 à 64 ans, les addictions alimentaires sont présentes chez 8,2% des femmes. Chez les femmes les plus grasses (avec un indice de masse corporel [IMC] de plus de 35), le risque de dépendance est 15 fois plus élevé que chez les plus minces (IMC entre 18,5 et 22,9).(1)

Dans cette enquête, on a utilisé une définition de la dépendance qui s’applique aux cas sévères. Avec une définition plus souple, qui sait jusqu’où irait ce phénomène…

Néfaste food et dépendance

Les grands industriels du néfaste food sont tout à fait au courant de ce phénomène. Ces financiers n’ont qu’une seule préoccupation: gagner toujours plus de profit. Pour ce faire, ils mettent leurs efforts sur:

1-    augmenter l’attrait (et même le besoin) des aliments qu’ils proposent;

2-    baisser les coûts de fabrication de ces aliments.

On voit tout de suite que la quête du profit de ces conglomérats les pousse à créer des aliments qui incorporent des ingrédients moins chers et générateurs d’addiction (sucre, sel, gras, additifs alimentaires, etc.) au détriment des ingrédients complets et nutritifs, mais beaucoup plus chers.

Soyons donc plus fin renard et usons d’une stratégie inverse:

  • achetons et préparons des aliments complets produits, le plus possible, par de petits producteurs locaux;
  • développons nos goûts, lentement mais sûrement, pour des aliments plus complexes: épices, amertume, etc.

Un petit pas à la fois. Vous verrez, moins on consomme de ces aliments, moins on veut en consommer. Par exemple, certains aliments que j’aimais il y a quelques années sont maintenant beaucoup trop sucrés à mon goût. Tout ça parce que j’ai réduit ma consommation de sucres et d’aliments industriels. C’est le premier pas qui est le plus difficile.

Santé, tentation et culpabilité

Notre santé est beaucoup plus importante que les profits des multinationales. Il faut donc tenter, dans la mesure de nos moyens personnels, de nous outiller pour mieux résister aux dépendances alimentaires. Cependant, de grâce, ne culpabilisez pas ! La culpabilité ne sert à rien et entretient le comportement. Félicitez-vous pour les petites réussites et passez outre les écarts. Notez que, dans mon exemple, j’ai choisi de limiter ma consommation des infâmes chips, pas de la proscrire totalement. Vous savez pourquoi? Parce que plus c’est interdit, plus c’est tentant!!!

Santé!

 

Référence:

  1. Flint AJ, Gearhardt AN, Corbin WR, Brownell KD, Field AE, Rimm ER. Food addiction scale measurement in 2 cohorts of middle-aged and older women. Am J Clin Nutr. March 2014 ajcn.068965. First published January 22, 2014, doi: 10.3945/ajcn.113.068965.

7 commentaires

  1. J’adore le chocolat et la crème glacé, alors j’ai choisis de trouver une chocolaterie qui fait du super bon chocolat mais assez loin de chez moi. Quand j’ai le goût d’une bonne crème glacée je vais au meilleur endroit mais je dois faire 40 minutes d’autos et j’en profite pour faire une marche rendu sur place. Pas de privation, je choisis une excellente qualité de produits artisanal, tout est dans le plaisir pas dans la privation.

  2. Bonsoir

    Je confirme vos dire, depuis 3 semaines je suis l’alimentation de Thierry Casasnovas de Vivrecru.org et en une semaine j’ai constaté la disparition de mon addiction aux sucres et tout ce qui est céréale. Je ne me voyais pas comme un drogué mais j’étais addicte sans m’en rendre compte.
    Alors oui de supprimé tous ces aliments vides d’énergie nous ramène à une santé plus saine et surtout une énergie retrouvé.
    Santé

  3. J’ai l’expérience d’avoir été un bec sucré dans le passé, meme de ne manger que sucré, suite a une opération a 20 ans , les médecins m’ont dit que si je voulais etre bien de changer mon alimentation, je me félicite d’avoir écouté car, maintenant j’ai le gout des bons aliments, pas de dessert seulement du yogourt, je fais tous mes repas maison et ma santé est excellente, pour continuer dans cette bonne voix je prends des suppléments depuis toujours.
    1 fois semaine je me paye une traite,frite, viande roti sauce, depuis toujours ce qui n’as pas de conséquence

  4. Salut Jean-Yves, j’ai souri en lisant ce texte, merci de nous déculpabiliser. C’est tout à fait vrai. Je peux réduire mais pas éliminer mon carré, 2 carrés de choco noir… après un repas même si j’ai pris un yogourt ou…

    Question : j’ai 2 parents qui aimaient le chocolat, beaucoup, beaucoup… je dois avoir été conçue dans le chocolat, mes soeurs et moi aimons bien le sucré… génétique aussi comme autres dépendances ?

    Bonne fin de semaine !!!!

    1. Bonjour Claudette
      Génétique, non. Habitude de vie, oui. Et entre vous et moi, 2 carrés de chocolats… grave dépendance… Je fais la même chose le midi 🙂
      Santé!

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée.

*

Pour vous, je garde un pied dans la science et l’autre dans le gros bon sens.