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Qu’est que le dopage?
De tout temps, on a cherché à augmenter la performance au sport, au combat, etc. Le dopage est une pratique qui consiste à utiliser des moyens artificiels (substances, techniques médicales) pour améliorer les performances dans un sport de compétition. C’est un sujet qui fait fréquemment la manchette. Les sportifs de très haut niveau, que l’on pointe du doigt, en sont souvent les victimes. En effet, les pressions qu’ils subissent pour performer et être les meilleurs sont immenses. Les performances surhumaines de certains athlètes donnent à croire qu’il est impossible de monter sur le podium sans un avantage externe sur les autres compétiteurs. C’est ce qui les pousse, trop souvent, à rechercher l’outil qui leur permettra de surpasser leurs capacités.
Ergogénique
Ergogénique est le nom sérieux qu’on donne aux substances qui augmentent les performances ou la capacité de travail et qui ont un potentiel de devenir dopantes. Par contre, certains ergogéniques ne sont pas interdits, comme les protéines ou la créatine. (voir Suppléments pour sportifs: les protéines, Créatine: les pour et les contre et À quoi servent les suppléments de créatine?)
Un peu d’histoire
Le dopage, sous une forme ou une autre, est aussi vieux que l’esprit de compétition. La lutte antidopage, cependant, est plus récente.(1) C’est en 1928 que la première fédération sportive internationale d’athlétisme (IAAF) interdit le dopage. En 1966, la FIFA (Football) et l’UCI (cyclisme) emboitent le pas.
Le premier laboratoire de détection des substances dopantes à être établi pour les Olympiques l’a été à Montréal, pour les Jeux de 1976.
L’Agence mondiale antidopage (AMA) a été créée par l’UNESCO en 1999. Son mandat est de « mener une campagne mondiale pour un sport sans dopage en collaboration avec ses partenaires ».
Substances illicites
Les substances utilisées varient d’un sport à l’autre en fonction des effets recherchés. Certaines substances sont interdites en permanence, tant en entrainement qu’en compétition. En voici quelques-unes: (2)
· Les stéroïdes anabolisants, qui permettent de développer une masse musculaire plus importante.
· L’EPO (érythropoïétine), qui permet de fabriquer plus de globules rouges, donc de transporter plus d’oxygène et d’améliorer l’endurance.
· Les adrénergiques (semblables à l’adrénaline), qui permettent au cœur de pomper plus fort.
· Les diurétiques, qui, en entrainant une perte d’eau, causent une perte rapide de poids (ce qui permet d’être classé dans une catégorie de poids plus légers dans les sports de combat).
Vous pouvez consulter la liste complète de ces substances sur le site de l’agence mondial antidopage (AMA).
Substances «légales»
Toutes les substances dopantes ne sont pas illégales, entre autres parce que certaines d’entre elles font partie de la «vraie vie». Des doses considérées comme normales sont souvent tolérées. Parmi ces substances, on retrouve:
· La caféine
· Les décongestionnants (pseudo-éphédrine)
· Les stimulants souvent utilisés pour maigrir
· Les narcotiques utilisés pour réduire la perception de la douleur
· Les corticostéroïdes utilisés pour réduire l’inflammation
· Même le cannabis, l’alcool
· Les bêta-bloquants ne sont interdits que dans les sports où la réduction de la fréquence cardiaque confère un avantage, comme le tir à l’arc ou le billard. (Liste des sports)
Méthodes illicites
Avec les avancées de la science, de nouvelles approches sont développées. Le génie génétique et la thérapie génique ont fait des avancées pour le traitement de pathologies complexes. Pensons simplement au développement des cellules souches qui permettent de guérir certaines maladies comme des lésions cardiaques, ou de fabriquer de la nouvelle peau pour les grands brulés. Ces mêmes technologies pourraient être utilisées à des fins de dopage.
Les autotransfusions de sang permettent d’augmenter le nombre de globules rouges, tout comme l’EPO. Cette technique a aussi le même défaut que l’EPO: elle peut rendre le sang «plus épais» et augmenter significativement le risque de caillots (embolies) mortels.
Qui se dope?
Quand on parle de dopage, on pense tout de suite aux athlètes de très haut niveau. Avec tout ce que l’on entend à ce sujet dans les médias, leur consommation semble tellement importante qu’on a l’impression que tous en prennent… que ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils se fassent prendre.
Mais le dopage n’est pas l’apanage de ces athlètes. Dans les gyms, les équipes de sport de «garage», c’est monsieur tout le monde qui utilise ces substances. (Voir la série d’articles sur les suppléments pour sportifs). J’ai d’ailleurs entendu, dans un gym, un culturiste entraineur disant à un jeune: «Si tu veux de la performance, tu dois accepter les effets secondaires!»
Dans un article très convaincant (article qu’on peut consulter sur le site de Loisir et Sport Outaouais http://www.urlso.qc.ca/), le Dr Richard Blanchet, spécialisé en médecine du sport, nous amène à réfléchir sur l’usage, par les sportifs du dimanche, de substances (pas toutes illégales) pour améliorer les performances.(3) Il donne en exemple le joueur de hockey dans la quarantaine qui fait partie d’une ligue locale. Pour jouer au même niveau que ses plus jeunes partenaires, il peut être tenté de prendre un stimulant comme une boisson énergisante (ex: Red Bull) ou un décongestionnant (ex: Sudafed). Une journée où il se sentira plus fatigué, il sera peut-être tenté de prendre 2 cannettes de boisson énergisante. Et si, le jour du tournoi, il se sent fatigué, prendra-t-il deux cannettes de boissons énergisantes AVEC 1 ou 2 comprimés de décongestionnants? C’est l’exemple parfait d’un cocktail de produits courants qui peut très bien mener l’utilisateur à l’hôpital, en fibrillation cardiaque. Et, soyons francs, il a même des chances de ne pas s’y rendre!
Dans les sports amateurs, il n’y a pas de contrôle organisé et les comportements de dopage sont très fréquents. Il faut être prudent!
Pourquoi s’en préoccuper?
Évidemment, il y a l’aspect éthique. Il y a aussi la réalité des pressions exercées sur les sportifs d’élite qui mènent directement au sport spectacle dans lequel le sportif de haut calibre (amateur ou professionnel) n’est qu’un outil de développement de cote d’écoute… C’est important, mais, pour moi, ça n’est pas le plus important.
L’aspect santé est beaucoup plus préoccupant. La banalisation de l’usage de substances ergogéniques, l’augmentation de la popularité des sports de performance, le vieillissement des sportifs et la médiatisation des sports extrêmes sont tous des phénomènes qui incitent l’individu moyen à consommer n’importe quoi pour un effet immédiat, sans se poser de question ou se préoccuper de l’effet à long terme.
Les divers stimulants, naturels ou de synthèse, peuvent avoir des effets additifs nocifs, même à des doses normales:
· Hypertension
· Tachycardie (le coeur bat très vite), jusqu’à la fibrillation
· Agitation et anxiété
· Baisse de la tolérance au stress
· Insomnie
· Mort…
Adultération et produits interdits
Les produits vendus dans les gyms et les boutiques spécialisées contiennent parfois (pour ne pas dire souvent) des ingrédients suspects qui ne sont pas toujours indiqués sur l’étiquette. Si vous subissez des effets adverses ou encore que «la protéine que vous prenez est tellement plus efficace que les autres pour faire du muscle», posez-vous des questions…
Une bonne façon de diminuer le risque (très réel) que le produit que vous consommez contienne autre chose que ce que vous pensez acheter est de vérifier qu’il a un NPN (numéro de produit naturel émis par Santé Canada). S’il en a un, il sera indiqué sur l’étiquette.
Recherchez aussi le logo NSF Certified for Sport®. Ce logo est apposé sur les produits qui ne contiennent pas de substance interdite ni d’adultérant. Il n’est pas encore très fréquent parce que très onéreux, mais si vous êtes dans un sport de haut niveau, attention, un adultérant peut vous couter la médaille.
Conclusion
Je suis définitivement pour les sports de participation, l’activité physique et la santé. Je trouve par contre déplorable la recherche de performance à tout prix et la banalisation de l’usage des substances ergogéniques, tant chez les athlètes de haut niveau que chez les amateurs. Notre élite sportive sert de cobaye et gâche sa santé. Est-ce vraiment ce que nous voulons pour nos sportifs présents et futurs?
Références:
2. L’Agence mondiale antidopage (AMA)
3. Blanchet R. LE DOPAGE SPORTIF et le comportement dopant, Le dopage sportif, ça touche le médecin de famille ? Le Médecin du Québec, volume 42, numéro 1, janvier 2007
4. La Politique canadienne contre le dopage dans le sport – 2011
5. Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) (www.cces.ca)
merci monsieur pour ce travail j’ai tellement séduit par les arguments que je voie convaincants mais la questions qui se pose est-ce vraiment y’at-il des dépistage pour tous les sportifs ou il ya des pressions qui mainmise au joueur spotif c’est à dire on sonctionne des uns et on fermes les yeux sur des autres
Bonjour Chabane,
Si vous avez suivi l’actualité, vous êtes au courant que la Russie a été blâmé pour du dopage « étatique » .
Les pressions de performer sont très fortes. La tentation est grande. Les sportifs sont des humains. Bref, oui, dans certains cas, il y a des tests. Dans d’autres, non pas de tests.
Santé!
Bonjour Jean-Yves,
Bravo pour cet article bien fait, comme à l’habitude. Je peux te dire que ça va loin. Je me souviens d’un tournoi de hockey d’un de mes fils. Il avait 12 ans à l’époque ou j’avais appris que certains parents avaient donné du Red bull aux jeunes avant la partie. J’avais interdit à mon fils d’en prendre lui expliquant que ce n’était pas bon pour lui. Mais lorsque les parents encouragent un tel comportement on n’est pas d’avance dans cette lutte.
Pratiquer un sport doit être un plaisir, pour maintenir une bonne santé et une compétition saine, c’est bien correct. Mais quand il faut performer au prix de sa santé. Il faut vraiment se poser des questions.