La sédentarité et le surpoids posent problème dans la plupart des pays industrialisés. La discussion qui suit, même si elle part des recommandations d’un organisme québécois, s’applique bien au-delà des frontières du Québec.
La Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids) mérite nos applaudissements. Ce regroupement incite au développement de stratégies sociales pour lutter contre l’obésité et le surpoids, en particulier auprès des enfants. En collaboration avec le Ministère de l’éducation, du loisir et du sport du Québec (MELS), la coalition a participé à l’élaboration d’un livre vert (un rapport servant à la préparation d’une politique ministérielle) dévoilé le 10 juin dernier: Le goût et le plaisir de bouger: vers une politique nationale du sport, du loisir et de l’activité physique (http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/SLS/LivreVert_s.pdf).
5 recommandations
Durant la consultation, la Coalition Poids a mis l’accent sur 5 recommandations:
Recommandation 1: Rendre obligatoire un temps minimal consacré aux cours d’éducation physique et à la santé
Recommandation 2: Favoriser les activités physiques intramuros et parascolaires
Recommandation 3: Intégrer l’activité physique à d’autres programmes d’enseignement
Recommandation 4: Organiser et encadrer des récréations actives dans des cours d’écoles bien aménagées
Recommandation 5: Favoriser les déplacements actifs entre le domicile et l’école.
Ces recommandations sont très pertinentes et logiques puisqu’on sait que les habitudes de vie prises jeune ont tendance à persister toute la vie.
Pour plus de détails sur la rationnelle de ces recommandations, consultez le document sur le site de la coalition: http://www.cqpp.qc.ca/documents/file/2013/5-recommandations-jeunes-actifs-ecole_2013-02.pdf
Activité physique vs excellence sportive
Dans le livre vert du MELS, bien que les recommandations de la Coalition Poids y soient intégrées, on constate que les sports de compétition ont une place de choix. Ceci n’est pas surprenant puisque, dès qu’on parle sport et activité physique, que ce soit dans les médias, dans nos écoles ou même entre nous, la notion de compétition entre inévitablement dans la discussion: les exploits des athlètes, les résultats de telle ou telle compétition (qu’il s’agisse de hockey, de tennis, de foot, de vélo, etc).
La compétition est pourtant loin d’être pour tout le monde. S’il existe bien un aspect de l’activité physique qui en rebute plus d’un, c’est bien cette sacrosainte compétition. Malgré le titre (Le goût et le plaisir de bouger) et le défi qu’est censé relever ce livre vert (que, d’ici dix ans, la population québécoise deviennent une des nations les plus en forme du monde), on peut y lire en page 7, dans partie sur la vision de ce rapport, que la nation québécoise:
- sera fière de son niveau d’activité et de condition physiques et du niveau de performance de son élite sportive;
- participera fièrement, sous les couleurs du Québec, à des compétitions internationales, comme d’autres nations le font déjà ailleurs dans le monde;
- rayonnera sur la scène internationale grâce à la performance de ses athlètes…
Si le but visé est d’améliorer la santé de la population via des activités physiques régulières, à mon avis, le budget sera mal dépensé s’il est orienté vers la compétition. L’élite est, par définition, une minorité. D’ailleurs, les athlètes de haut niveau sont pourvus d’un bagage génétique particulier. Bien sûr, il y a 90% de sueur, mais les 10% de talent sont prérequis! C’est un peu comme une formule 1. Elle ne peut en aucun cas se comparer à une Honda Civic, peu importe le conducteur au volant. Le rayonnement international par la performance des athlètes est source de fierté, soit. Mais il n’a rien à voir avec la volonté de tout un chacun de sortir de chez soi et de bouger. Si, comme moi, vous n’avez pas le gabarit et encore moins l’intérêt pour la compétition, tout ce discours vers le développement de l’élite ne vous incitera pas à bouger. Les programmes et installations de calibre international ne sont pas pour nous.
Pourtant, pourtant…
L’habitude de vie que représente l’activité physique est probablement le meilleur gage de santé, la meilleure façon de réduire l’engorgement des hôpitaux. Les gens en forme sont en meilleure santé et ont un meilleur moral.
Le sport d’élite, professionnel ou autres, tient plus du spectacle que de la santé. D’ailleurs, les athlètes de très haut niveau ne sont pas en meilleure santé que le reste de la population. Ils sont sujets à des blessures et des troubles de santé importants (même sans entrer dans le débat des substances illicites).
Si nous voulons, comme société, améliorer notre santé globale par l’activité physique, il faut (à mon avis):
- Promouvoir des activités physiques qui ne mènent pas obligatoirement à la compétition (la compétition devrait découler d’un choix personnel). Par exemple, pourquoi n’y aurait-il pas des équipes de soccer qui ne joueraient que pour le plaisir, sans obligation de rivaliser avec d’autres équipes? La natation, la randonnée, la course, la danse, et bien d’autres activités peuvent se pratiquer sans compétition. Pourquoi ne pas en faire la promotion?
- Développer des programmes qui permettent d’essayer toutes sortes d’activités pour se les approprier.
- Encourager le développement de plages horaires quotidiennes pour tous, pas uniquement pour les enfants, pour permettre la pratique d’une activité.
- Améliorer les possibilités de transport actif multimodal partout (pas uniquement dans les centres-ville).
Si le budget de nos gouvernements était illimité, il serait facile de remplir tous les objectifs de ce livre vert. Par contre, avec une enveloppe restreinte, dollar pour dollar (euro pour euro), il vaut mieux cibler les actions populaires que celles d’élite.
L’évolution de l’intérêt pour la forme physique chez tous ne passe pas par le développement d’une élite. Il faut favoriser, dans toute la population, des comportements actifs de loisir en proposant des activités variées, plaisantes et facilement accessibles. Ici encore, le coefficient plaisir est important: plus le plaisir est inclus dans la recette, plus le résultat est durable et concret pour tous.
Le MELS invite la population québécoise à lui transmettre son opinion en vue de la future politique nationale du sport, du loisir et de l’activité physique d’ici le 30 août 2013 au https://www7.mels.gouv.qc.ca/dc/livrevert/index.php?page=formulaire
Cher ami
Je partage ton opinion
et me désintéresse des sports de compétition et de performance qui peuvent déboucher sur des carrières professionnelles qui sont très bien rémunérées mais non-accessibles par la très grande majorité des participants
Bonne journée et à bientôt G
J’ai étudié, jadis, en éducation physique. Le débat entre sport d’élite, compétitif et participatif faisait déjà parti du paysage il y a plus de 35 ans. Personnellement, je ne suis pas compétitive, mais j’adore voir les performances des athlètes et cela me motive. J’aime aller voir un Ironman où des gens de mon âge participent. Je me dis que si eux peuvent le faire, alors je n’ai pas d’excuse pour rester assise chez moi. Il faut de tout pour faire un monde et chacun se fixe ses propres objectifs.
D’un autre côté, nous vivons dans une société obésiogène. Tout est fait pour nous éviter de bouger. On nous bombarde d’annonces de nourriture, fast food, boissons gazeuses. On nous fait peur avec des agressions hypothétiques, si bien que les parents ne veulent plus laisser leurs jeunes jouer dehors avant et après l’école. moins il y a d’enfants dehors, plus c’est dangereux pour ceux qui y sont. Ajoutez à cela l’étalement urbain et on se retrouve avec des enfants dont les horaires sont dictés par le transport scolaire. Pour des raisons de rectitude politique, anti-violence théorique, on a aboli les jeux de ballon chasseur des cours d’école. On a également aboli les cours d’économie familiale où on apprenait à cuisiner et tenir un budget. Ces cours me servent encore aujourd’hui. Bref, on a tout fait pour rendre nos enfants sédentaires et on se plaint du résultat. Soyons un peu cohérent.
Quant au MELS, il n’est pas un exemple de cohérence non plus, il n’y a pas si longtemps, il nous disait dans un autre rapport que le sport n’était pas avantageux pour la santé car les blessures subies lors de la pratique d’activité sportive en annulaient les bienfaits. Pourtant, n’importe quel urgentiste vous dira qu’avoir une bonne masse musculaire augmente vos chance de survie lors d’un accident, peu importe la cause. Il ne faut pas oublier que l’exercice protège vos artères de l,artériosclérose, des dépôts de caillots délétères et donc des infarctus et autres ischémies. De plus, faire du sport nous apprend à souffrir et donc à faire les efforts nécessaires pour recouvrer notre mobilité. Lors d’une randonnée prévue de 2 heures, un petit bobo, une inconfort mineur à mi-chemin ne sera pas suffisant pour nous empêcher de retourner au départ.
Il y a quelques années, ce même MELS a produit un beau rapport concluant que les adeptes de plein-air souffrait d’un manque croissant de lieux de pratique accessible. Résultat, il y a de moins en moins de sites, l’étalement urbain empiétant de plus en plus sur ceux-ci. La Sépaq augmente ses tarifs à des sommets indécents en plus de dénaturer les sentiers et les parcs au point de rebuter les vrais amateurs de plein air.
Donc, les belles paroles du MELS, sont à mettre avec toutes les autres, c’est à dire, dans la filière 13.
Bonjour,
J’ai 61 ans et j’en ai connus de tous les genres…
Je ne suis pas compétitive de nature, alors ce genre de sports(compétitifs) ne m’ont jamais attiré même si j’y performais par obligation (école)car si on m’avait donné le choix, je n’y aurais pas participé . On devrait plutôt laisser jouer en compétition ceux qui le veulent bien et qui en ressortent avec une satisfaction évidente et non pour faire plaisir aux parents.Ceci éviterait plus tard à faire de la projection sur nos propres enfants par nos mauvaises expériences. Etant autodidacte, je choisis dans quoi je me sens bien et en performant selon mes choix. Je me sens heureuse dans ma vie et respectée. Bravo à ceux et celles qui peuvent s’épanouir sans frustration dans les sports choisis car leur vie en sera des plus enrichissante.
Merci aux associations qui permettent aux gens de tous âges par leurs implications de nous garder en forme pour mieux apprécier le moment présent et se faire des amis tout en conservant notre mémoire.
Excellent texte Jean-Yves,
Pour avoir vécu des limitations physiques à la participation aux sports au début de l’adolescence, je suis bien placée aussi pour décrier que plaisir et compétition ne vont pas toujours de pair! Quand tu as « joué sur le banc » pendant près de 2 ans, c’est très difficile de performer au même calibre que les collègues de classe par la suite. Pour moi, la comparaison et la compétition était une source d’anxiété et les cours d’éducation physique une vraie torture! Heureusement, j’ai découvert des sports comme la course, la randonnée, la course sur sentier, le vélo, le ski de fond, la raquette, la marche nordique et la musculation où le dépassement de soi remplace la rivalité avec l’autre. Aujourd’hui je suis une femme très active et en forme, mais je garde une aversion pour les sports compétitifs. Je suis convaincu qu’un fort pourcentage de la population non-active ne se sent pas attiré par « les sports » parce qu’elle a gardé un souvenir désagréable de leurs années d’éducation physique où l’emphase sur les sports de compétition est omniprésente. Les structures et les opportunités pour l’élite athlétique au Québec ne sont peut-être pas parfaites, mais elles existent déjà… Si on permet à des jeunes n’ayant pas le « profil » ou l’inclinaison pour la compétition de découvrir d’autres types d’activités physique, alors je crois qu’on aura gagné le pari!
Merci pour cette analyse critique et constructive!