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Si ce n’est déjà fait, lisez aussi les autres articles traitant du cancer de la prostate : Pour hommes seulement (4e partie) et Pour hommes seulement (5e partie). Dans ce dernier article sur le cancer de la prostate, il sera question de thé vert, de vitamine D et de quelques autres antioxydants.

Thé vert

Le thé vert est particulièrement intéressant. Ses principes actifs, les catéchines (principalement l’épigallocatéchine gallate ou EGCG), agissent à toutes les étapes de développement du cancer. Ainsi, l’EGCG agit sur les récepteurs androgéniques et l’expression des gènes réactifs aux androgènes et elle inhibe l’enzyme ornithine décarboxylase. Ces effets moléculaires très pointus expliqueraient probablement l’augmentation de l’apoptose (mort cellulaire programmée) des cellules cancéreuses, l’inhibition de la progression des carcinomes et la régression de tumeurs implantées à des souris par xénogreffes.(1)

De plus, la consommation de thé vert inhibe un autre facteur impliqué dans le cancer de la prostate, soit le IGF-1 (insuline like growth factor- 1), in vivo chez la souris.(2)

Les données cliniques sur le thé vert et le cancer de la prostate sont décevantes. Dans une étude clinique, un groupe de patients a reçu un produit spécifique de thé vert, le polyphenon E, contenant 800mg d’EGCG ou un placébo pour 3 à 6 semaines avant une chirurgie de la prostate.(3) L’étude a été trop courte pour montrer une accumulation des catéchines dans les cellules de la prostate.

Selon une revue de la documentation, le thé vert serait un bon agent préventif.(4) L’ensemble des données demeure prometteur.

Vitamine D

La vitamine D est une de ces substances qui a fait, et fait encore couler beaucoup d’encre. Dans le débat qui l’entoure s’affrontent les chercheurs – qui démontrent les bienfaits de la vitamine D dans plusieurs pathologies, notamment des cancers (5) et la sclérose en plaques – et les dermatologues – avec leur phobie du soleil. D’un côté, les chercheurs montrent que l’exposition solaire sans protection reste la meilleure source de vitamine D, même si cette exposition n’est que de quelques minutes par jour. De l’autre, les dermatologues affirment, sans preuve concluante, que toute exposition au soleil est néfaste. Tous s’entendent pour dire que la brûlure du soleil est dommageable et que la surexposition est également nuisible, mais de là à en conclure que toute exposition est nocive, n’y a-t-il pas là une exagération un peu paternaliste?

Les bienfaits de la vitamine D sont tels (voir les articles sur la vitamine D) que les chercheurs remettent en doute l’apport nutritionnel recommandé. Ils proposent de l’augmenter à environ 1000 UI par jour.(5)

Les données épidémiologiques montrent qu’un taux élevé de vitamine D a un effet protecteur contre le cancer de la prostate. Par contre, selon ces mêmes données, la consommation de lait, de produits laitiers et de calcium est associée à une augmentation du taux de cancer de la prostate. Les auteurs postulent que le calcium diminuerait les taux de vitamine D protectrice.(6)

Plus récemment, une étude utilisant 4000 UI de vitamine D par jour durant un an a montré que certains patients avaient une réduction importante de l’indice de Gleason (sévérité du cancer). Toutefois, le taux de PSA n’a pas été affecté. Ces résultats sont très prometteurs.(7)

Antioxydants

Pour terminer, une étude intéressante mérite d’être mentionnée. On a administré un protocole d’antioxydants et de nutriments pendant 6 semaines à un groupe de 37 patients ne recevant pas de traitement hormonal. Durant la phase placebo, les taux de PSA et d’hormones (DHT et testostérone) ont augmenté. Durant la phase verum (traitement), les taux des 3 marqueurs ont baissé de façon très significative.(8)

Protocole

Margarine (20g par jour) contenant:

  • Vitamine E (50 mg α-tocophérol)
  • Phytosterols (1,5g)
  • Sélénium (0,2mg sélénium organique dans 0,5g levure alimentaire)

Breuvage (3 portions de 200 ml/jr) contenant:

  • Thé vert (extrait correspondant à une consommation de 6 tasses par jour)
  • Extrait de soya titré à 40% isoflavones et fournissant 100mg phytoestrogènes (60mg génistéine + 40mg daidzéine)
  • Caroténoïdes:
  • 10mg lutéine
  • 10mg lycopène
  • 10mg autres caroténoïdes de palme

Plusieurs composés antioxydants présents dans l’alimentation (comme les polyphénols des petits fruits, du chocolat, du thé, etc.) montrent un potentiel de prévention intéressant.(9,10)

En bref

Dans tout ce dossier, la lumière ne se fera certes pas d’ici demain. Trop de détails et de validations manquent encore. Par contre, on voit très bien se profiler une façon de prévenir le cancer par des mesures diététiques et des habitudes de vie.

De plus, contrairement aux traitements pour le cancer, ces habitudes préventives sont également bonnes pour votre santé globale! La meilleure façon de demeurer en santé longtemps est de commencer aujourd’hui à augmenter graduellement dans votre alimentation la quantité d’aliments bénéfiques: légumineuses, graine de lin moulue, thé vert, curcuma, ail, tomate, etc. De plus, vous pouvez accroître votre protection en intégrant des suppléments de vitamine D, de vitamine E, de sélénium, de vitamine C, sans parler des omégas 3, etc. Tous ces conseils santé, sans être scientifiquement blindés, ont au moins l’avantage d’être d’une parfaite innocuité. Et, pour finir, profitez du soleil… avec modération !

 

Références :

  1. Gupta S, Mukhtar H. Green tea and prostate cancer. Urol Clin North Am. 2002 Feb;29(1):49-57, viii. PubMed PMID: 12109355.
  2. Adhami VM, Siddiqui IA, Ahmad N, Gupta S, Mukhtar H. Oral consumption of green tea polyphenols inhibits insulin-like growth factor-I-induced signaling in an autochthonous mouse model of prostate cancer. Cancer Res. 2004 Dec 1;64(23):8715-22. PubMed PMID: 15574782.
  3. Nguyen MM, Ahmann FR, Nagle RB, Hsu CH, Tangrea JA, Parnes HL, Sokoloff MH, Gretzer MB, Chow HH. Randomized, double-blind, placebo-controlled trial of polyphenon E in prostate cancer patients before prostatectomy: evaluation of potential chemopreventive activities. Cancer Prev Res (Phila). 2012 Feb;5(2):290-8. PubMed PMID: 22044694; PubMed Central PMCID: PMC3273617.
  4. Johnson JJ, Bailey HH, Mukhtar H. Green tea polyphenols for prostate cancer chemoprevention: a translational perspective. Phytomedicine. 2010 Jan;17(1):3-13. Review. PubMed PMID: 19959000; PubMed Central PMCID: PMC2789276. (texte complet)
  5. Giovannucci E. The epidemiology of vitamin D and cancer incidence and mortality: a review (United States). Cancer Causes Control. 2005 Mar;16(2):83-95. Review. PubMed PMID: 15868450.
  6. Tseng M, Breslow RA, Graubard BI, Ziegler RG. Dairy, calcium, and vitamin D intakes and prostate cancer risk in the National Health and Nutrition Examination Epidemiologic Follow-up Study cohort. Am J Clin Nutr. 2005 May;81(5):1147-54. PubMed PMID: 15883441.
  7. Marshall DT, Savage SJ, Garrett-Mayer E, Keane TE, Hollis BW, Horst RL, Ambrose LH, Kindy MS, Gattoni-Celli S. Vitamin D3 supplementation at 4000 international units per day for one year results in a decrease of positive cores  at repeat biopsy in subjects with low-risk prostate cancer under active surveillance. J Clin Endocrinol Metab. 2012 Jul;97(7):2315-24. Epub 2012 Apr 16.  PubMed PMID: 22508710; PubMed Central PMCID: PMC3387395.
  8. Kranse R, Dagnelie PC, van Kemenade MC, de Jong FH, Blom JH, Tijburg LB, Weststrate JA, Schröder FH. Dietary intervention in prostate cancer patients: PSA response in a randomized double-blind placebo-controlled study. Int J Cancer. 2005 Feb 20;113(5):835-40. PubMed PMID: 15499622.
  9. Cimino S, Sortino G, Favilla V, Castelli T, Madonia M, Sansalone S, Russo GI,  Morgia G. Polyphenols: key issues involved in chemoprevention of prostate cancer. Oxid Med Cell Longev. 2012;2012:632959. Epub 2012 May 28. Review. PubMed PMID: 22690272; PubMed Central PMCID: PMC3368543.  (texte complet)
  10. Von Löw EC, Perabo FG, Siener R, Müller SC. Review. Facts and fiction of phytotherapy for prostate cancer: a critical assessment of preclinical and clinical data. In Vivo. 2007 Mar-Apr;21(2):189-204. Review. PubMed PMID: 17436567. (texte complet)

8 commentaires

  1. Bonjour Jean-Yves

    Mon frère a le cancer de la prostate et j’ai découvert dans mes recherches l’huile de nigelle ou huile noire. Voici ce que l’on en dit :
    « De récentes études scientifiques américaines travaillent sur cette huile qui renforce les défenses immunitaires , est anti-allergique, anti-histaminique,anti-rhumatismale, diminue l’hypersensibilité aux allergènes par action stabilisatrice sur la production des IgE .

    La Nigelle a été étudiée à maintes reprises depuis plusieurs années dans le cadre de recherches sur les cellules du cancer du pancréas et plus récemment sur les cellules cancéreuses de la prostate. En 2008, les chercheurs du Kimmel Cancer Jefferson à Philadelphie (USA), ont découvert que le thymoquinone, un composé moléculaire de l’huile de graines de Nigelle, bloquait la croissance des cellules du cancer du pancréas et tuait ces cellules cancéreuses.
    Plus récemment, une équipe de la faculté de médecine de l’université de Tulane aux USA a mis en exergue l’action du thymoquinone qui semble ralentir la croissance de certaines cellules cancéreuses de la prostate après une temps d’exposition très court.« 
    Je cherche à savoir quelle serait la posologie pour faire un traitement sans danger. Mon frère en est à un stade avancé du cancer de la prostate.

    Merci pour tout

    Marie-Andrée

    1. Bonjour Marie-Andrée
      La nigelle est utilisée dans le monde arabe depuis la nuit des temps. Elle est même mentionne dans le Coran. Par contre, je ne connais pas les dosages.
      De toute façon, elle est alimentaire donc sécuritaire. Faites-en l’expérience.
      Santé!

  2. Pour ma part je crois comme vous, qu’on exagère le fait de ne pas s’exposer au soleil, et de surcroît de mettre des crèmes, qui à mon avis peuvent être plus nocives que le soleil lui-même, en réalité, la terre d’où nous alimentons, serait notre mère… et le soleil qui fait pousser et vivre tout ce qui est sur la terre notre père…sans l’un des deux, il est assuré que nous mourrons, alors pourquoi doit-on se protéger et éviter le contact avec notre père…pour moi c’est un genre de « conspiration » pour vendre des tonnes de produits et enrichir encore une fois les riches de ce monde, car ils manipulent sans honte et nous occupés que nous sommes à travailler pour tenter de se maintenir en vie, bien nous leur obéissons. C’est une réflexion que je me fais et qui ma fois me semble assez juste. A vous de voir

    1. Bonjour Sylvia,
      D’accord avec vous.
      La modération…
      La différence par rapport à autrefois est qu’aujourd’hui nous nous exposons « dramatiquement » après avoir été complètement caché durant une longue période.
      Nos ancêtres ne portaient pas de vêtement, donc s’habituaient « à vie » au soleil. Le coup de soleil n’existait pas.
      Santé!

  3. Pour ce qui est des noix il parait pour ne pas qu’elles soient toxiques on doit les acheter dans leurs écailles.
    j’aimerais savoir si c’est vrais et quel quantité on doit prendre par jour …… Merci

    1. Bonjour Zoé,
      Les noix rancissent rapidement, ce qui diminue leur valeur nutritionnelle et en fait une source de mauvais gras.
      On préférera les noix au réfrigérateur ou en écale parce qu’elles rancissent moins vite. Mais peu importe, elles ne sont pas éternelles. Si elles ont une odeur ou un gout ranci, ne les mangez pas.
      Santé!

    1. Bonjour Suzanne,
      Absolument, oui, mais pas toutes. Les noix du Brésil, parce qu’elles poussent dans le bassin amazonien le plus riche en sélénium de la planète, fournissent 50 à 95mcg par noix. Donc, 2 à 4 noix par jour donne la même dose que les recherches. Par contre, pour les noix « nordiques », je ne suis pas sûr qu’elles soient une bonne source.
      Santé!

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