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Pourquoi certains régimes santé sont-ils aussi populaires ? Au-delà du fait qu’ils promettent tous (jusqu’à un certain point) de nous faire maigrir, ils sont « à la mode » parce que trop de gens subissent les effets néfastes des conseils alimentaires usuels du type « guide alimentaire canadien. » Ce fameux guide, nonobstant ce que disent certains nutritionnistes, n’est pas le résultat de la science de l’alimentation. Au départ, les guides nationaux ont été conçus pour répondre à deux besoins :

  • Contrer la malnutrition endémique dans certaines parties de la population : on se retrouve donc avec un ouvrage de vulgarisation de base.
  • Revitaliser les campagnes pour diminuer l’exode rural et améliorer l’économie des pays.

Après quelques décennies, le second objectif a pris le dessus. Ces guides alimentaires, dans tous les pays ou presque, sont le résultat de lobbys efficaces des groupes industriels alimentaires.

Un outil… mais pour qui?

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi notre guide canadien contient une catégorie « produits laitiers » ? La réponse est simple : c’est parce que les producteurs laitiers (autrefois le bureau laitier) investissent massivement, tant dans la promotion, dans l’enseignement, que dans la science des laitages. Ils sont devenus des « autorités » dans le domaine… Pourtant, aucun des nutriments présents dans le lait ne lui est unique. On peut tous les retrouver dans d’autres aliments. Alors pourquoi écoute-t-on un lobby qui n’a d’autre but que d’augmenter la consommation de ses produits ?

Simplifié au point d’être infantilisant, le guide alimentaire canadien est au mieux un outil de vulgarisation alimentaire pour ceux qui sont « déficients alimentaires », au pire un ennemi de l’alimentation santé individualisée.

Par exemple, le guide actuel (http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/food-guide-aliment/index-fra.php) recommande :

  • 6 à 8 portions de produits céréaliers. (De quoi augmenter rapidement un tour de taille.)
  • 2 à 3 portions de laits ou substituts… préférablement faibles en matières grasses. (Non, il n’est pas nécessaire de consommer du lait pour être en santé. Et qu’on le dise, ce ne sont pas les gras qui font engraisser, ce sont les sucres et les féculents.)
  • 7 à 10 portions de fruits et légumes. (Pourtant, le message médiatique prône la consommation de 5 portions ou plus… Et pourquoi n’y a-t-il pas de distinction entre les légumes et les fruits ? Les fruits, c’est bien, mais ça contient beaucoup plus de sucre que les légumes. Pour maigrir, il faut privilégier les légumes.)
  • Aucune mention des boissons sauf pour recommander, dans un petit encadré, de boire de l’eau.

En terme de vulgarisation, le guide alimentaire publié par l’Université Harvard, et adopté par l’Université Laval, est bien meilleur et indépendant! http://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/lassiette-sante-french-translation/

Lire : https://www.jydionne.com/un-guide-alimentaire-independant/

Régimes et bienêtre

Les régimes énumérés ci-dessous demeurent et perdurent simplement parce que les gens qui les suivent se sentent mieux. Cette sensation de bienêtre peut comprendre :

  • Amélioration du taux d’énergie toute la journée
  • Diminution, voire élimination, de l’inflammation
  • Meilleur sommeil
  • Meilleure digestion (élimination des ballonnements, diarrhée, constipation, etc.)
  • Amélioration des paramètres biologiques (lipides, glycémies, etc.)
  • Perte de poids facile
  • Satiété rapide et de longue durée
  • Meilleur teint
  • Etc.

Ces améliorations du bienêtre valent bien quelques privations!

Des régimes pour tous?

Ces régimes, si bels et bons soient-ils, ne sont pas pour tous. Par exemple, le crudivore doit s’impliquer énormément dans son alimentation et cette implication ne se limite pas au temps de préparation des repas. Elle s’insinue aussi dans les relations sociales. Quand on est crudivore, nos amis doivent l’être aussi, sinon les rencontres s’espacent au fil des invitations déclinées…

En outre, plus un régime est restrictif, plus il est difficile à suivre. Quand l’effort dépasse les bénéfices perçus, l’individu abandonne, souvent avec un sentiment d’échec. De même, plus un régime est restrictif, plus les carences sont possibles et fréquentes. Il faut donc savoir reconnaitre les effets des carences et accepter que, même si un régime est philosophiquement « meilleur pour nous », il peut fort bien ne pas l’être physiquement. Il ne faut jamais confondre alimentation et religion!

Régimes Seignalet et Lagacé

Fondamentalement, il s’agit d’un seul et même régime basé sur 3 principes : l’élimination des produits laitiers, l’élimination des grains mutés (qui ont subi une mutation/hybridation par l’homme) et une cuisson à basse température pour éviter la formation de glycotoxines. Ce régime, développé de façon empirique, a pour but de diminuer, voire éliminer les maladies inflammatoires.

Régime paléolithique

Le régime paléolithique, fruit du travail de Loren Cordain (http://thepaleodiet.com), est basé sur l’observation des restes archéologiques des hommes des cavernes (l’homme de Cro-Magnon) ainsi que des chasseurs cueilleurs actuels. Ces populations ne connaissent pas les maladies dites de société. Leur alimentation est non transformée, sans grains, riche en viandes et en produits frais et contient peu ou pas de laitages et aucun néfaste food.

Régime D’Adamo

Ce régime est basé sur le concept des lectines. Les lectines sont des protéines qui ont la capacité de déclencher une réaction immunitaire. La première version de ce régime (celle du père James L. D’Adamo) repose sur des tests. Elle est plus « clinique » et plus difficile à intégrer dans la vie quotidienne.

La seconde version (celle du fils, Peter, l’auteur des livres) est plus populaire. Il a systématisé et simplifié le système en mettant tout sur le dos des groupes sanguins et sur une « histoire de l’apparition de ces groupes ». Ainsi, le groupe sanguin O serait le plus ancien et les personnes appartenant à ce groupe bénéficieraient d’une alimentation de type paléo (viande, légumes, fruits, mais aucun grain). Cette classification simpliste dénature le concept de réactivité aux lectines qui, lui, est intéressant.

Consultez aussi: https://www.jydionne.com/alimentation-selon-les-groupes-sanguins/

Informations générales sur les régimes

Chacun des régimes énumérés ci-haut peut être une solution pour la personne qui souffre de maladies inflammatoires et/ou de syndromes diffus telle la fatigue chronique, mais aucun n’apporte LA solution pour toutes les personnes. Ces régimes sont plus ou moins restrictifs et peuvent être difficiles à suivre. Chaque personne doit trouver l’alimentation qui lui convient le mieux.

Le journal alimentaire : un outil fort intéressant

Le journal alimentaire, dans lequel on note systématiquement tout ce qui est mangé et les symptômes qui se présentent (amélioration, aggravation, nouveaux symptômes, etc.), est l’outil le plus intéressant pour se débrouiller dans toutes ces démarches alimentaires.

Après quelques semaines de notes assidues, il devient assez facile de faire des corrélations entre certains aliments, ou l’élimination de ces aliments, et nos symptômes. Le journal alimentaire couplé à une diète d’élimination est probablement le guide individuel le plus fidèle.

19 commentaires

  1. Bonjour et merci pour cette synthèse monsieur.
    J’ai entendu parler du produit lectin flush pour agir contre les lectines de l’alimentation. Y aurait-il à votre connaissance des solutions plus naturelles permettant de désactiver le pouvoir agglutinant des lectines, svp? Je crois qu’il vaut mieux éviter de toute manière le soja et les arachides, aux lectines très néfastes?

    1. Bonjour Claire
      À voir la formule, le produit pourrait aider à protéger légèrement la muqueuse de l’estomac mais je n’attendrais pas les miracles promis par le nom.
      Les réactions aux lectines sont très individuelles. Par exemple, le soya ou les arachides peuvent être nocives pour un et bénéfiques pour l’autre. La meilleure façon de le savoir est de les essayer et de noter si vous réagissez. Tenez un journal alimentaire. Il est mieux de savoir que de se priver sans raison.
      Santé!

  2. Tiens, tiens…voici un bel exemple de petite chasse gardée mise en péril…
    Je trouve au contraire que M. Dionne fait preuve d’un sens critique et scientifique que vous ne semblez pas avoir, Mme
    Bravo M. Dionne, je vous encourage à continuer…
    Comme je dis souvent, ce n’est pas le diplôme qui fait la compétence…

    PS : Mme Roy, j’espère qu’il y a aussi des hommes dans votre confrérie, car à vous lire…

  3. Désolée JY
    Je ne suis pas d’accord avec vous. Santé Canada est l’autorité qui a établis le GAC. Ce qui vous faites c’est de la désinformation. Les nutritionnistes sont les spécialistes de le nutrition. Je crois quelles sont plus outillés par leur formation qu’un pharmacien qui vend des PSN. C’est certain que ça peut être dérangeant pour un pharmacien, une personne qui mange selon les recommandations du GAC… parce que cette personne n’a pas besoin de PSN.

    1. Moi je crois très bien ce que Jean-Yves dit, son approche en alimentation est beaucoup centré sur une approche naturelle concernant les aliments tout comme les naturopathes qui ont une approche de santé globale et non industrielle Mme Roy… En alimentation, il est important de tenir compte de l’agriculture durable, sans pesticides, sans OGM pour maximiser son énergie, sa vitalité. Depuis que j’applique ce que les naturopathes, certains conseils de Jean-Yves, de Jacqueline Lagacé je m’en porte beaucoup mieux. Je n’ai plus de maux de ventre. Je ne bois plus de lait et j’évite beaucoup ce qui contient du gluten…

    2. Bonjour Suzanne
      merci pour votre commentaire. Par contre, certaines précisions s’imposent. Oui, je suis pharmacien mais non je ne vends pas de produits, naturels ou autres. Vous m’avez côtoyé lors de formations. Vous savez que je suis critique de bien des choses. Mais autorité ou non, les guides nationaux sont tous des compromis entre ce qui devrait être dit et le besoin économique des industries. Si vous ne me croyez pas, demandez à Michel Lucas (université Laval, Université Harvard) que je cite dans le texte. Un collègue à vous gradué en nutrition à Laval.
      Santé!

  4. Résumé intéressant!
    J’ai découvert aussi dernièrement l’approche Fast Diet 5:2 du Dr Michael Mosley, journaliste médical anglais pour la BBC. Il s’agit d’un jeûne relatif (600 calories pour un homme – 500 calories pour une femme) mais seulement 2 jours non-consécutifs par semaine. Il rapporte que ceci améliore les marqueurs biologiques d’inflammation. Quand le corps n’est pas en train de digérer, il met cette énergie à sa réparation. La perte de poids associée serait plus physiologique. On sait que le jeûne relatif peut prolonger la vie chez les animaux et réduire leur taux d’inflammation. Le Dr Mosley rapporte que cette approche 2 jours non-consécutifs par semaine a été la plus facile à maintenir sur le long cours pour lui. Mais il est vrai que chacun est unique et doit trouver ce qui lui convient!

    1. Bonjour Sandy
      Oui, cette approche se nomme le jeun intermittent (intermittent fasting). Elle est de plus en plus populaire sous différentes variations.
      Votre dernière phrase est la clé de tout!
      Santé!

  5. Bonjour Jean-Yves,

    Pourrais-tu nous dire qu’en est-il des étiquettes de valeurs nutritionnelles? Qui décide quel est le pourcentage quotidien recommandé pour chaque nutriment de l’étiquette? Peut-on s’y fier?

    Merci et bonne journée.

    Patricia

    1. Bonjour Patricia
      Santé Canada décide des valeurs quotidiennes. Les compagnies se fient à des chartes (donc des moyennes) pour évaluer les quantités par portion en fonction de leurs produits. Ces étiquettes ne valent pas grand chose sauf comme ordre de grandeur. Par exemple, la quantité de calories par jour est de 2000 sans aucune relation avec le type d’aliment. Bref, on s’en sert pour connaitre la quantité de sodium par exemple, de sucre aussi mais vous noterez que le magnésium (pourtant un des minéraux les plus carencés au Canada) n’est pas inscrite.
      Santé!

  6. Excellent résumé Jean-Yves et fort pratique pour nous tous,
    tellement facile de s’y perdre…
    Quand manger devient ‘stressant’ c’est pas très bon pour la santé ! :o)

    1. Bonjour Carolyne (comme ça tu n’es pas un robot 🙂
      Oui, il est facile de s’y perdre et de perdre la notion que manger est un plaisir
      Santé!

  7. Excellent billet mon cher Jean Yves. On aura un article fort intéressant dans le Vitalité Québec de février 2015 écrit par la docteure Valérie Conway PhD sur la diète paléo pour ceux et celles que cela intéresse.

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