Depuis un bon bout de temps, je me questionne sur les grandes orientations prises par notre gouvernement dans le monde de la santé et de la maladie.
D’un côté, nous avons une sévère pénurie de main d’œuvre qui sévit depuis les années 90:
· Pas assez de médecins pour répondre à la demande. Il y aurait au-delà du million de Québécois n’ayant pas accès à un médecin de famille!
· Pas assez d’infirmières et infirmiers pour éviter le surtemps obligatoire qui, entre vous et moi, est une aberration et démontre de façon évidente le problème de gestion fondamental de notre système hospitalier. Je comprends tout à fait ces infirmières et infirmiers qui délaissent le monde hospitalier pour aller dans le privé ou dans d’autres provinces ou pays qui offrent de meilleures conditions salariales et des horaires plus humains.
· Pas assez de pharmaciennes et pharmaciens pour combler les heures d’ouverture des pharmacies, sans parler de l’augmentation annuelle du nombre de prescriptions (environ 15%) et de la lourdeur des cas. Ce point me touche personnellement puisqu’un des arguments qui m’ont poussé à vendre ma pharmacie en 2000 était justement la pénurie de pharmaciens!
D’un autre côté, les annonces du ministère de la santé (ou ministère de la maladie, au choix) ont trait à des super hôpitaux. Pas un, mais deux à Montréal et un à Québec. En plus, le lieu choisi à Québec n’est nul autre que l’Hôtel-Dieu, un monument historique! Parlez-moi d’une économie!
Mais revenons au principe même du super hôpital. Est-ce qu’un super hôpital rendra les soins de premières lignes plus accessibles? Est-ce qu’un super hôpital diminuera le temps d’attente dans les urgences? Est-ce qu’un hôpital de surspécialité (leur terminologie, pas la mienne) améliorera les services de première ligne?
Je me pose toutes ces questions parce que le fond de l’histoire n’est pas clair. À qui veut-on faire plaisir dans ce dossier éminemment complexe? À la population qui a besoin de soins ordinaires et qui, faute d’avoir accès à ces soins, développe des complications extraordinaires? Ou à une minorité de spécialistes qui veulent concurrencer les grands du pays voisin? Ou encore aux fournisseurs des outils permettant de rivaliser avec les autres grands?
Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, ne devrait-on pas, en tant que société, se tourner vers l’endroit où l’on forme lesdits professionnels de la santé dont nous manquons douloureusement? Ne devrait-on pas investir non pas dans du béton et de la technologie, mais dans le capital humain et la formation? Ne devrait-on pas augmenter l’accessibilité aux facultés de médecine, de pharmacie, de sciences infirmières?
J’ai appris la semaine dernière que les mises à la retraite forcées de nombreux médecins dans les années 90 avaient pour but de réduire le budget de la santé. Notre gouvernement, avec sa vision comptable, établissait un lien direct entre le nombre de médecins et la quantité de tests effectués et de médicaments prescrits. Force leur est de constater aujourd’hui que ce n’est pas le nombre de médecins qui influence ou crée la demande de test et les prescriptions, mais plutôt le nombre de malades! Conclusion de l’exercice, quelques 12 ans plus tard, nous sommes dans le marasme d’une pénurie qui ne voit pas l’heure de se régler.
Dans ce type de dossier où règne la controverse (les nombreux dossiers où l’information divulguée ne répond pas aux interrogations du public), je me pose toujours la même question: À qui ça profite? Parce que, bien évidemment, ce n’est pas à la population…
On pourrait en effet favoriser la formation. On pourrait aussi faire quelque chose pour tous ces immigrants détenant un diplôme de l’étranger et qui n’arrive pas à le faire reconnaître.
Ne venez pas me dire qu’ils ne sont bons à rien! Rien du tout? Allons donc!
Je peux vous citer sans réfléchir une dizaine de médecins bien québécois, formés ici, au Québec, et qui, à mon avis, n’auraient jamais dû avoir le droit d’exercer leur pratique.
Je suis incapable de croire qu’un médecin, disons au hasard, Algérien, qui veux s’impliquer dans sa nouvelle communauté, qui a la vocation, ferait pire que cette dizaine de « prescriveux de pilules »!
Qu’on les aide en leur fournissant des cours de mise à niveau, qu’on évalue leur compétence « réelle », avant de les envoyer trier du courier ou balayer des planchers (qui, soit dit en passant, sont plutôt « dégueulasses » dans les hôpitaux,aussi super soient-ils)…
Bien dit Jean-Yves,
Encore une fois, je suis tout à fait d’accord avec tes propos.
Je crois qu’on pourrait faire une thèse très intéressante sur le sujet.
Le ‘gros bon sens’ n’est pas donné à tout le monde malheureusement.
Notre système de santé semble avoir développé une ‘maladie chronique’ ! $$$ûrement rentable à quelqu’un à quelque part, mais pas à la population effectivement…
Manque de bonne volonté ou de vraies solutions ???
À mon avis, tant et aussi longtemps qu’on passe à côté des besoins fondamentaux à la vie,
il se crée des labyrinthes cérébaux de plus en plus complexes d’où il sera de plus en plus long et difficile de sortir.
Continuons d’entretenir le ‘ gros bon sens’, cette logique intérieure nous permet d’être et de vivre encore
comme un Humain.
Merci,
Au plaisir de te relire