Cette idée plaisante à l’esprit vient de refaire surface. Elle a été mise à l’ordre du jour dans un rapport publié le 1er septembre dernier par IOM (Institute of Medicine), conjointement avec le National Research Council des États-Unis.(1,2) Ces prestigieux organismes cherchent une façon de restreindre la consommation des boissons gazeuses sucrées qui sont une des causes de multiples problèmes de santé dans notre société. Ces boissons augmentent la quantité de sucre absorbé par le corps d’une façon alarmante et insidieuse. En effet, leur consommation ne déclenche pas le signal de satiété normalement associé à la prise d’un aliment qui contiendrait une telle quantité de sucre. Ainsi, l’enfant ou l’adulte ingurgite une quantité effarante de sucre (voir 22 cuillérées à thé de sucre) et son appétit n’en est pas réduit! De plus, les bulles diminuent la perception gustative de ce sucre. Vous seriez difficilement capable de boire un liquide contenant autant de sucre sans la présence de ces bulles.
Devinez quoi?
Le lendemain de la publication de ce rapport, l’organisme de lobby qui représente les fabricants de ces boissons (American Beverage Association) riposte en publiant un communiqué de presse alarmiste dans lequel il affirme que cette taxe va pénaliser les consommateurs et qu’elle est régressive…Bref, contre-attaque en règle. Ils s’allient à un autre lobby très américain (Americans against Taxes) et affirment que les taxes n’ont jamais apporté la santé (Taxes never made anyone healthy).
Il est un peu absurde que les boissons gazeuses coûtent moins cher qu’une boisson santé et même que l’eau en bouteille. Il est également aberrant que ces compagnies soient aussi puissantes. On croirait un retour dans le temps, à l’époque où les compagnies de tabac utilisaient les mêmes arguments…
Quoique j’appuie cette taxe, je demeure sceptique face son effet éventuel. Le prix n’affecte pas la consommation d’une substance qui rend dépendant, l’expérience nous l’a démontré avec le tabac. Les personnes à très faible revenu vont jusqu’à se priver de l’essentiel pour continuer à fumer (la chose qui a vraiment entrainé une diminution du tabagisme est l’interdiction de fumer dans les établissements publics). Il en va de même pour les boissons sucrées et caféinées.
L’exemple du Mexique (voir Le commerce au détriment de la santé!) et le projet avorté de New York d’établir une taxe sur les boissons gazeuses (3) montrent que les puissants lobbys ne se laissent pas abattre et qu’il utiliseront les nombreuses ressources à leur disposition pour empêcher toute restriction à la consommation.
Encore ici, la meilleure méthode de prévention demeure la sensibilisation et l’éducation. Il ne faut pas attendre après un organisme officiel, soit-il gouvernemental, pour qu’il nous protège. Dans le contexte d’une économie libérale et sans morale, le profit passe avant la santé des individus. Il faut donc que, dans notre vie personnelle, on soit prêt à défendre notre santé et celle de nos proches, à la placer au premier plan!
JYD
Références:
1.Tax soft drinks and snacks to fight childhood obesity, says IOM par Caroline Scott-Thomas, 02-Sep-2009
Bonjour,
votre titre parle d’une taxe sur la malbouffe. Il est difficile d’envisager une telle taxe car la notion de malbouffe est floue et il faudrait en définir les limites… ce qui n’est pas tâche aisée!
Voilà pourquoi, une taxe sur les boissons gazeuses (et pourquoi pas les boissons énergisantes) est proposée un peu partout à travers le monde !
Les effets nocifs de ces boissons sur la santé sont bien documentés et certaines études démontrent même un lien direct avec l’obésité.
Que faire alors face à la surconsommation de ces boissons, notamment par les jeunes, qui sont dénuées de tout intérêt nutritionnel?
Une taxe n’est pas LA solution miracle au problème mais, inscrite dans une démarche d’action globale face à la forte consommation de boissons sucrées, elle pourrait notamment générer des revenus qui pourraient être investis en prévention et en éducation.
À suivre…
Bonjour Marion,
Tout à fait d’accord. Une taxe, ce n’est pas la solution, mais ça peut faire partie de la solution. À titre comparatif, une étude vient de paraître en Ontario sur les effets de l’interdiction de fumer dans les lieux publiques. Cette interdiction a entraîné une réduction de 30% des admissions à l’hôpital pour des maladies pulmonaires et cardiaques. Smoking Ban Linked to Drop in Hospital Admissions
À suivre… comme vous dites si bien.
À quand l’interdiction dans les écoles ?
Santé!
JYD
Hier soir, mon fils hockeyeur mettait dans son sac une bouteille de Gatorade.
Je lui ai dis:
-Mais où est ce que tu as pris cela?
-C’est « Pa » qui me l’a acheté.
Malgré le fait que depuis qu’il est tout petit et qu’on l’informe que de telles boissons sont néfastes pour sa santé. Il en demande et sa réponse par, excellence, est que tout le monde en boit. Mon mari de dire:
-C’est plate de toujours dire « non ».
Il faut agir au niveau de la publicité. Il devrait être prohibé de fair de la publicité pour des produits alimentaires néfastes pour la santé.
On a beau, en tant que parents, éduquer nos enfants. Si la publicité est là en arrière leur disant « Buvez-en c’est cool, c’est in, c’est bon, c’est désaltérant, c’est… » on est pas sortie du bois.
Salutations,
Suzanne
Bonjour Suzanne
Je sympatise tellement. Parler à des ados ou même la grande majorité des adultes ressemble trop souvent à prêcher dans le désert! Une petite anecdote pour comprendre l’ampleur de la tâche…
Il y a de cela plusieurs années, un homme vient à la pharmacie pour me voir concernant des dérangements (sic) au ventre. Je discute avec lui pour savoir si je dois le référer ou bien si je peux intervenir. À la question, que mangez-vous ? Il me répond très honnètement « de la poutine ».
Tous les jours ?
Ben oui, au moins 2 fois par jour.
(Air hébété de ma part)
Mangez-vous autre chose ?
Non, la poutine, ça bourre…
Aucune notion de nutrition la plus élémentaire. Comment aider cet homme si les bases du langage alimentaire ne sont même pas là?
Mais, dans la famille, graduellement, je dirais même incidieusement, on peut finir par gagner certains points. On se dit que. au moins, le reste de l’alimentation devrait fournir la base.
Bon courage.
JYD
le Gatorade c’est pas la même chose que les boissons energissantes.
Bonjour Jean-Yves,
Les grandes sociétés de boissons gazeuses ont déjà vu leurs revenus chuter au fil des dernières années. Les jus et autres produits à boire ont tout de même gagné en popularité au détriment des boissons gazeuses. Naturellement, ces entreprises fabriquent aussi ces produits, mais leur profit est beaucoup plus faible que sur les colas et autres. Aussi, ils vont se battre férocement pour préserver leur part du marché.
Mais que dire des aliments préemballés hautement transformés regorgeant d’ingrédients de mauvaise qualité qui envahissent les épiceries? Ne s’agit-il pas aussi de malbouffe? Et que dire du rythme de vie des familles qui fait en sorte que plutôt que cuisiner, elles se rabattent sur ces produits?
J’ignore si une quelconque taxe peut être efficace, mais je crois que bien des éléments concourent à aiguiller les consommateurs vers des choix alimentaires déplorables.
Jocelyne